Dans un câble en date de décembre 2009, William Jordan, chargé d’Affaires à l’Ambassade des Etats-Unis à Alger a révélé que les avions américains de reconnaissance de type EP-3 ont longtemps survolé le territoire algérien avec l’accord des autorités de ce pays.
Les Etats-Unis avaient demandé à travers Sabri Boukadoum, ancien ambassadeur à Lisbonne et actuel patron de la direction générale « Amériques », aux autorités algériennes jusqu’à quel niveau pourrait se faire le partage de l’information collectée après ces vols de reconnaissance. D’après le diplomate américain, les vols au-dessus du territoire algérien pour repérer les positions d’AQMI dans le sud du pays ne se faisaient que sur demande expresse des autorités algériennes.
Une autre note confidentielle vient corroborer ces faits. Le feu vert donné par l’Algérie aux avions américains de survoler son territoire a été confirmé par un dirigeant de premier plan. Le général major Abdelmalek Guenaizia en recevant, en octobre 2009, le Sous-secrétaire adjoint pour l’Afrique au bureau du Secrétaire de la Défense, Vicki Huddleston, alors en visite à Alger, lui a rappelé à trois reprises que le survol de l’espace aérien algérien par les Américains depuis des années n’a pas été très fructueux pour Alger. Huddleston lui a répliqué qu’il pouvait s’entretenir de ce sujet avec le commandant de l’AFRICOM lors de son passage à Alger. Ces révélations montrent que l’Algérie a tenu à ses voisins un double discours. Alors que publiquement les dirigeants algériens vilipendaient l’interventionnisme américain et vouaient aux gémonies l’initiative d’AFRICOM, ils revoyaient le concept de souveraineté nationale à la baisse en accordant aux avions américains le droit de survoler l’ensemble du territoire algérien, et cela sans être sûrs d’être bien informés sur les mouvements d’AQMI.