L’initiative a au moins le mérite de contraster avec le pessimisme ambiant.
Alors que les avis de décès se multiplient pour l’UPM, l’Union pour la Méditerranée, dont le deuxième sommet des chefs d’Etat, qui devait se réunir le 7 juin à Barcelone, a été reporté au mois de novembre, l’IPEMED, le Think Tank euroméditerranéen de Jean-Louis Guigou et Radhi Meddeb, vient de dévoiler 7 propositions phares pour redynamiser l’institution. Fruit de deux ans de travail, elles sont destinées à nourrir la réflexion des dirigeants de la zone et à servir de boîte à idées. Si certaines sont relativement convenues, comme par exemple celle relatives à la sécurité alimentaire en Méditerranée, ou celle visant à la création d’une agence méditerranéenne de l’eau, et si d’autres sont encore assez vagues (« faire la Méditerranée des territoires, des villes et des régions »…), deux retiennent l’attention. La première vise à une meilleure intégration de l’espace financier en Méditerranée en proposant deux scénarios : la création d’une banque de développement de la Méditerranée, inspirée du modèle de Bretton Woods, ou, à défaut, la mise en place conjointe d’un fond de garantie des projets d’infrastructures (le montant total des investissements nécessaire dans ce secteur étant estimé à 250 milliards d’Euros d’ici 2020) et d’un fond de soutien et de garantie des PME. La deuxième proposition phare réside dans la création d’une « CECA migratoire », d’une agence inspirée de la Communauté européenne du charbon de l’acier, l’ancêtre de la CEE, qui serait spécifiquement chargée de gérer les flux migratoires, en commençant par les flux de travailleurs qualifiés, et dont l’objectif ultime serait d’arriver à la libre circulation des hommes. Cette agence, baptisée AME, sera chargée dans un premier temps de coordonner et harmoniser les politiques migratoires des différents Etats, avant, dans un deuxième temps, de se transformer en Haute Autorité, et de bénéficier de transferts de compétences de la part des Etats. La fin des visas ? Chiche ! Reste à savoir maintenant l’accueil que réserveront les pays de la forteresse Europe à cette proposition qui tranche avec la frilosité ambiante dès qu’il est question du sujet qui fâche par excellence : l’immigration…