Vingt-deux jours après le gel des activités parlementaires et l’éjection du chef du gouvernement, le président de la République, Kaïs Saïed a encore le vent en poupe et surfe sur la liesse générale.
Dépassée par la vitesse de propagation du coronavirus, la Tunisie a organisé deux week-ends de vaccination marathon avec un record de 10% de la population inoculée en seulement 48 heures.
Une réussite et une délivrance célébrées sur la toile et dans les centres de vaccination par les Tunisiens, qui se sont remis à espérer et à rêver après le coup de force présidentiel du 25 juillet.
En parallèle, la chasse aux corrompus et aux députés impliqués dans des affaires judiciaires est au ralenti : certains élus, poursuivis en justice, sont en liberté et mènent une vie quasi ordinaire.
Si le chef de l’État, un outsider devenu président malgré lui, enchaîne les sorties plus ou moins soignées et respecte – à ce jour – la liberté d’opinion, il reste fidèle à son mode opératoire populiste et interroge sur la suite des événements.
Face à la hausse des prix, accentuée par l’inflation, le président Saïed a appelé, à moult reprises, les responsables de circuits de distribution à contribuer à l’effort national et à baisser les prix.
Oui ! De nombreux vendeurs se sont volontairement soumis aux ordres du président, mais pour avoir de la suite dans les idées et lutter contre la spéculation, c’est un plan de réformes urgentes qui devrait être mis en place et appliqué par le nouveau chef du gouvernement et ses ministres.
Alors que le gouverneur de la Banque Centrale, Marouane Abassi, aurait été sondé pour succéder à Hichem Mechichi, l’annonce du nouveau pensionnaire de la Kasbah tarde à se concrétiser et pose problème.
Les négociations avec le Fonds Monétaire International (FMI) et les institutions financières sont à l’arrêt et le marasme économique menace le quotidien des Tunisiens, en galère depuis 2011.
Imprévisible, Kaïs Saïed a réussi à bouleverser l’échiquier politique tunisien, toutefois, affronter les immenses défis et passer des paroles aux réformes semblent être un processus compliqué.
Et la détermination des services de communication de Carthage à ne révéler qu’une partie de l’objet des entretiens du chef de l’État avec les dirigeants internationaux, n’est pas un bon signe.
Désormais, la nomination d’un nouveau chef de gouvernement demeure capitale pour éviter tout mystère, relancer l’euphorie populaire et surtout éviter de justesse le scénario libanais.