Les jours se suivent et les scandales s’enchaînent en cascade sur la planète Tunisie, où le président de la République, Kaïs Saïed aurait bénéficié en catimini du vaccin Sinopharm. Plusieurs doses du produit développé par le laboratoire chinois ont été offertes par les Émirats arabes unis, un pays avec lequel Saïed n’est pas vraiment en odeur de sainteté. Cette information a été confiée par l’ambassadeur des EAU, Rashid Mohammed Juma Almansouri à des diplomates tunisiens, puis révélée par le député et président de la Commission parlementaire de la réforme administrative, de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption, Badreddine Gammoudi et son collègue Yassine Ayari.
Si au départ Carthage a joué la carte de la discrétion, la polémique suscitée par cette révélation a obligé Kaïs Saïed a joué au pompier pour calmer la colère des internautes. Le président de la République prétend avoir accordé le lot de 500 vaccins à la direction régionale de la santé militaire pour étudier son efficacité et autoriser la vaccination. Rym Kacem, la chargée de communication de la présidence de la République, a, quant à elle, affirmé que Kaïs Saïed “n’acceptera jamais de se faire vacciner avant les Tunisiens”. Une nouvelle démonstration populiste ratée après un manque flagrant de transparence. Les doses ont été reçues début février et la présidence n’a décidé de communiquer qu’après que l’information ait fuitée sur les réseaux sociaux. Mais à quoi joue, “mystère” Saïed ?
Le président de la République, juriste de formation, multipliait jusque là les diatribes contre les corrompus et les ennemis de l’État qui complotent dans les chambres noires. Par sa nouvelle bourde, il a apporté de l’eau au moulin de Hichem Mechichi, le chef du gouvernement avec qui il est en conflit autour de la nouvelle équipe gouvernementale. Le pensionnaire de la Kasbah, totalement écarté du processus, a tenu à recadrer son “ennemi” : “la gestion des vaccins est du seul ressort de la commission de lutte anti-Covid et une enquête sera ouverte pour révéler les circonstances de cet incident”… Et pendant que les deux têtes de l’exécutif poursuivent leur guerre, la de l’arrivée des doses de vaccin demeure inconnue et l’opération de vaccination tarde à se concrétiser.
Voila ce que l’on pourrait appeler, à juste titre, des cadeaux empoisonnés. Ces »gens » mourraient de chagrin s’ils ne réussissaient pas à créer des problèmes entres des concitoyens, entre des pays frères, entre des pays voisins et entre eux et les reste du monde.