Le président tunisien Kaïs Saïed s’est entretenu, mercredi, avec le procureur général du Qatar, Ali Bin Fetais Al Marri au palais de Carthage. Alors que le communiqué officiel fait état d’un échange autour des relations exceptionnelles de fraternité et de coopération entre les deux pays, la vérité est tout autre.
Exaspéré par le perpétuel bras de fer entre Rached Ghannouchi, le protégé de Doha, et le président Saïed, Al Marri aurait intervenu, sous-ordre du Cheikh Tamim Bin Hamad Al-Thani, pour jouer l’intermédiaire et calmer le jeu, a-t-on appris de sources concordantes. L’Émir de l’État du Qatar veille à préserver l’influence qatarie en Tunisie, un des plus importants champs d’affrontement avec les voisins émiratis et saoudiens.
En réalité, l’intérêt porté par les pétromonarchies du Golfe à la Tunisie est plus politique qu’économique et cette initiative qatarie de réconciliation, entre le président de la République et le président du Parlement et leader du mouvement Ennahdha, a été opérée pour éviter toute intervention des frères ennemis de la péninsule Arabique dans ce conflit qui secoue le pays.
Pour faire face à la fronde menée par Abu Dhabi et Riyad contre le Qatar, l’Islam politique et ses relations avec certains pays de l’Afrique du Nord, Cheikh Tamim a choisi une stratégie de conciliation prévisionnelle. En effet, l’enjeu réel est également de contrarier les plans des Emirats arabes unis et leurs alliés en Libye d’étendre leur ingérence en Libye, autre champ de bataille.