Bras de fer, désobéissance gouvernementale et bourdes communicationnelles en cascade… Les bruits de couloir en provenance de la Kasbah fredonnent un remaniement ministériel imminent. Quelques semaines après sa prise de fonction, le chef du gouvernement, Hichem Mechichi multiplie les réunions officieuses et étudie les alternatives à l’équipe mise en place par le Chef de l’État, Kaïs Saïed avec qui il est en désaccord.
Pris en otage par la nouvelle Troïka lors du vote de confiance, Mechichi s’était engagé en septembre dernier à opérer un remaniement ministériel. Chose promise, chose prochainement due… Ces derniers temps, le chef du gouvernement s’est entretenu à maintes reprises pour discuter de la nouvelle répartition des portefeuilles ministériels avec Ennahdha, Qalb Tounes et Alliance Al Karama, mais pas que. Il s’est également réuni avec des représentants de nombreux partis et blocs parlementaires pour sonder leur volonté à le soutenir dans une telle démarche.
En effet, plusieurs ministres n’entrent plus dans les plans de la nouvelle Troïka. À l’image de Walid Zidi, le ministre des Affaires culturelles, un des pions du président Kaïs Saïed, a été limogé après s’être opposé publiquement sur Al Arabiya, une chaîne saoudienne, à la décision gouvernementale de suspendre les spectacles. Le gouvernement, initialement concocté par Carthage, passera désormais sous pavillon “islamo-mafieux”, en référence aux accusations échangées entre Ennahdha, Coalition Al Karama et Qalb Tounes lors de la campagne électorale.
Rached Ghannouchi, l’homme qui tire les ficelles, veut plier Kaïs Saïed dans le cadre de la continuité du bras de fer opposant les deux hommes. Le leader contesté du mouvement Ennahdha souhaite avoir la mainmise sur le gouvernement et imposer une discipline gouvernementale. Certes, ce changement prendra quelques semaines à se concrétiser, mais les grandes manœuvres ont été lancées.