Classée comme organisation terroriste par l’Arabie saoudite, les Émirats Arabes Unis, le Bahreïn et l’Égypte, l’Union des Oulémas musulmans est sous pression en Tunisie. Accusations de terrorisme, menaces de suspension des activités et bureaux envahis… l’organisation est plus que jamais contestée par Abir Moussi, figure de l’ancien régime. La présidente du Parti Destourien Libre (PDL) ne jure que par la dissolution de la section de Tunis et revendique, également, la classification des Frères musulmans comme organisation terroriste par le Parlement. Ainsi, la guerre entre Moussi et le parti Ennahdha- avec à sa tête Rached Ghannouchi- prend un nouveau tournant.
Derrière cette fronde se cache un ultime bras de fer entre le Qatar et les Émirats Arabes Unis, qui multiplient les hostilités contre la présence régionale de la Confrérie. Si Ennahdha affiche, sans détour, ses liens avec Doha et les Frères musulmans, Abir Moussi, qui clame haut et fort sa haine des islamistes, cache son jeu et ses liens avec Abu Dhabi. Visage de l’anti-islamisme tunisien, la présidente du PDL accuse la section de l’Union des Oulémas musulmans de l’embrigadement des jeunes et leur dogmatisation. En effet, Abir Moussi compte réussir là où Nidaa Tounes avait échoué : capitaliser sur le rejet des islamistes et en finir avec les “khwanjiyas”, conformément à la volonté des émiratis, très remontés après la dernière visite du président Saïed à l’ennemi qatari.
Pour ce faire, Moussi est partie en croisade contre “les forces du mal”, Ennahdha et ses liens historiques, sans concession, ni compromis. En face, le parti d’obédience islamique refuse à ce qu’on touche à ses intérêts, rejette de classer les Frères musulmans comme une organisation terroriste et se dit solidaire avec l’Union des Oulémas musulmans. Cependant, la crise interne au sein du parti et l’échec du mariage d’intérêts avec Qalb Tounes et Al Karama ne font qu’affaiblir Ennahdha. De son côté, Abir Moussi et le PDL enchaînent les points chez leurs partisans et leurs alliés émiratis. La guerre entre Abu Dhabi et Doha est relancée sur un terrain “neutre”, et la saga Moussi Vs Ghannouchi est partie pour durer.
Oui