Ce devait être une opération clandestine censée rehausser le prestige fortement écorné des services de renseignements algériens, et cela a viré en un fiasco retentissant des services de renseignements algériens.
C’est le colonel Hocine Hamid alias Boulayhya, diligenté par son père spirituel le général-major M’henna Djebbar, a monté une opération secrète en Europe visant l’élimination d’opposants algériens à l’étranger. Le premier hic est que cette opération a été montée sans mettre au courant le patron de la Direction de la documentation et de la sécurité extérieure (DDSE), le général-major Nour-Eddine Mekri, alias « Mahfoud », pourtant supérieur hiérarchique du colonel Boulahya. Ce dernier espérait réussir son coup et en tirer un grand bénéfice en mettant hors-jeu le général « Mahfoud » pour pouvoir le remplacer plus tard.
Le colonel Boulahya qui a fait toute sa carrière au Centre territorial de recherche et d’investigation (CTRI) de la 1ère région militaire à Blida tout au long des années 90 et à la Direction régionale de la sécurité de l’armée (DRSA), il deviendra l’un des plus influents hauts responsables du Centre principal militaire d’investigation (CPMI) CPMI de Ben Aknoun. Le long de sa carrière, il a noué de précieuses relations avec des agents de renseignements sur le terrain. Plusieurs d’entre eux ont été exfiltré dans les pays européens après sa disgrâce en 2013 et son départ de la DSCA.
D’ailleurs, pour monter son opération d’assassinats des opposants algériens établis en Europe, l’ambitieux colonel Boulahyaa recouru à ces agents « dissidents en fuite à l’étranger » dont un certain Abdelkader Tigha à qui il a proposé de le réhabiliter et de grassement le payer « clandestinement ». Et c’est là où apparaît Lotfy Nezzar, fils du général Khalid Nezzar. Le rejeton du vieux général devait s’occuper de la collecte des fonds en Espagne et du payement des « agents tueurs ». Les sommes qui devaient être mobilisées ont été fixées à 250 mille euros.
Les premiers paiements ont été effectués comme prévu par Lotfy Nezzar, mais se sont brusquement arrêtés. Le colonel Boulayha a-t-il mis fin à l’opération ? Où s’est-il vu retiré le dossier par ses supérieurs ? Personne ne peut donner aujourd’hui une réponse claire.
Ce qui est sûr, c’est qu’en manque de confiance dans ses interlocuteurs algérois, Abdelkader Tigha s’est retourné contre le colonel Boulahya est a commencé à diffuser les enregistrements de ses conversations téléphoniques. Espérant les monnayer auprès des cercles des opposants algériens. Une déchéance terrible pour les restes du DRS, jadis considéré comme le service de renseignement le plus performant de la région.