Par Skander Salhi
A
A
L’Algérie ne veut plus dépendre de ses seules exportations de pétrole. Les autorités incitent désormais fortement les hommes d’affaires et le patronat à partir à la conquête de nouveaux marchés à l’étranger pour ramener de nouvelles recettes en devises en ces temps de crise financière. Les caisses se vident et l’Algérie doit trouver de nouvelles solutions pour faire face à ses immenses déficits. La Russie, traditionnel allié de l’Algérie qui lui achète depuis plusieurs décennies des milliards de dollars d’armement, lui tend une main amicale et lui propose de venir exploser les horizons de son immense marché. Jeudi dernier s’est tenu à Alger le forum d’affaires algéro-russe , un évènement d’importance organisé en marge des travaux de la 8ème session de la commission mixte algéro-russe. L’évènement le plus attendu à Alger depuis la rentrée sociale, car les débouchés du marché russe représentent une immense bouffée d’oxygène pour de nombreuses entreprises algériennes. « Nous sommes prêts à acheter les fruits et légumes algériens, ce qui contribuera à augmenter la coopération économique entre les deux pays, mais nous souhaitons voir des entreprises mixtes pour mieux valoriser nos capacités et nous sommes là (…) pour éliminer tous les obstacles afin de créer un cadre règlementaire propice à ces partenariats entre nos opérateurs respectifs ». Cette promesse du ministre russe de l’Energie, Alexandre Novak, a ravivé les espoirs et tout un programme a été établi par la chambre algérienne de Commerce et d’Industrie (CACI) pour regrouper les entreprises algériennes capables d’exporter rapidement vers la Russie. Le gouvernement d’Ahmed Ouyahia tente pour sa part de remettre sur les rails le circuit bancaire pour faciliter les procédures d’exportations, tandis que la douane algérienne a d’ores et déjà fait sa mue et prépare plusieurs dispositifs pour se libérer du poids de la bureaucratie. De leur côté, les Russes veulent à tout prix conserver leurs relations privilégiées avec l’Algérie, l’un de ses meilleurs client en matière d’armement. Et Moscou ne veut surtout pas laisser la France et la Chine s’emparer du gâteau que pourrait représenter la mutation économique algérienne. Pour ce faire, un véritable coup de pouce a été donné aux échanges économiques, avec le doublement des échanges commerciaux en 2016 par rapport à l’année précédente, déjà en hausse de 30% sur la première moitié de 2017. A Alger, les représentants russes ont officiellement donné leur feu vert à la mise en place de sociétés mixtes entre opérateurs algériens et russes, avec pour objectif de profiter de l’emplacement géographique de l’Algérie comme porte de l’Afrique » et ainsi trouver des débouchés pour leurs produits sur le continent qui offre des opportunités considérables. Pour l’heure, les exportations de l’Algérie vers la Russie se sont établies à quelque 8 millions de dollars en 2016, en produits agricoles et biens de consommation. Pour 2017, l’Algérie souhaite doubler, voire tripler ses exportations en attendant des chiffres plus prometteurs d’ici à trois ans.