«Les m…volent toujours en escadrille». Jamais cette sentence chiraquienne n’a été aussi vraie qu’aujourd’hui. Elle s’applique à celui-là même qui a été à l’origine de plusieurs «m…» pour Jacques Chirac.
Nicolas Sarkozy n’en finit pas de recevoir les mauvaises nouvelles, les unes après les autres. Avions, Cigares, appartements, doubles rémunérations, hôtels, les casseroles se multiplient et il y en a chaque jour une « grosse » qui fait la Une des gazettes. Si l’on rajoute à tout cela, les médiocres résultats de l’économie française, la contestable réforme des retraites et la surexploitation politicienne de la crise du football, le tableau est sombre. D’ailleurs, le premier sondage qui est tombé après tous ces scandales, a douché la droite française. Le président y plonge encore plus vers les abîmes de l’impopularité. Avec une cote de satisfaction de 26 %, Sarkozy consacre dans la durée son divorce avec les Français. Et même le premier ministre François Fillon qui a pu tirer son épingle du jeu ces trois dernières années, n’en mène pas large dans le baromètre TNS/Sofres pour le compte du Figaro Magazine où il est crédité d’un peu honorable 36 %.
«La droite ressemble aujourd’hui à un champ de ruine. Napoléon (surnom à droite de Sarkozy) a connu cet été son Waterloo. Il est fini», se délecte un proche de Dominique de Villepin qui voit en son mentor le sauveur de la droite. Mais, l’ancien premier ministre de Chirac, n’est pas le seul en embuscade. Marine Le Pen, encouragée par son père, profite du marasme de la droite traditionnelle et engrange des points dans les sondages. Cela dit, c’est Dominique Strauss-Kahn, depuis Washington, qui jubile puisqu’il est systématiquement à la tête des favoris des Français.
Pour reprendre la main, Nicolas Sarkozy promet depuis quelques jours à ses troupes un grand remaniement en automne (voir N° 7 de Maghreb-intelligence). Le scénario initial prévoyait le remplacement de François Fillon par Eric Woerth et le débarquement des ministres un peu «récalcitrants». Aujourd’hui, l’option Eric Woerth est caduque. Et le timing devient de plus en plus difficile à tenir. Comment attendre le mois d’octobre, alors qu’il y a le feu à la maison. D’après des députés de l’UMP, si le président patiente jusqu’en automne pour se séparer de Christian Blanc, Alain Joyandet, Rama Yade, Valérie Létard, Nora Berra, Chantal Jouanno ou encore Bernard Kouchner, il paraîtrait aux yeux de l’opinion publique française comme arrogant, voire insensible à la colère de ses compatriotes.
Un fait déterminera l’action du président. Même si Eric Woerth est aujourd’hui réconforté par le soutien de Sarkozy et de Fillon, il est quasiment impossible qu’il tienne tout l’été face à l’acharnement de la presse. Si le scénario de la démission du ministre du travail et trésorier de l’UMP devient plausible, le président n’hésitera pas alors à passer à la vitesse supérieure en changeant la quasi-totalité de l’équipe gouvernementale…Les noms des éventuels ministres seraient déjà inscrits en crayon dans les calepins de Claude Guéant.