Saâd Eddine El Othmani est en train d’asseoir sa réputation du plus malchanceux chef de gouvernement de l’histoire du Maroc.L’homme, nous confirme son entourage, est peu porté sur l’initiative. «Il est toujours dans l’attente d’un feu vert d’en haut», nous explique un ancien ministre. Et quand ce «feu vert» finit par arriver, il est rendu public avec l’art et la manière: un discours royal ou des réunions restreintes présidées par le roi Mohammed VI autour des choix ou chantiers stratégiques pour le pays.
Saâd Eddine El Othmani, quand il a finalement décidé de prendre le taureau par les cornes, il l’a fait de manière très « gauche » qui certainement va lui coûter une perte de temps et d’énergie. A l’occasion du remaniement ministériel en préparation, le chef de l’Exécutif et patron du PJD (parti islamiste qui mène la coalition gouvernementale composée de 6 partis) a opté pour des concertations avec ses partenaires, mais en «One to one» au lieu de les réunir autour d’une même table tous les partis de l’alliance.
«Il va se retrouver en train de faire le go-between entre ses partenaires, tout simplement, et porter les doléances des uns aux autres. Ce n’est pas le rôle d’un chef de gouvernement ou d’un leader de la majorité», expliquent nos sources.
Mais pourquoi cette mission, avec le mode choisi par El Othmani, s’avère-t-elle quasiment impossible? «Comment concilier la position du PJD qui juge en trop la présence de l’USFP de Driss Lachagr au vu de son poids électoral, et la même chose est valable pour l’UC, au moment où le RNI tient absolument à ces deux formations politiques?», s’interrogent nos sources. «D’un autre côté, comment ramener à de bons sentiments le RNI qui estime que le PPS était une erreur de casting, mais à qui le PJD tient coûte que coûte?», poursuivent nos sources.
Pour ne rien arranger, et avec le «dégraissage» qui pourrait avoir lieu (disparition de postes de secrétariats d’Etat et de hauts commissariats), El Othmani doit faire preuve de génie pour une redistribution des maroquins, chaque formation essayant au moins de sauvegarder ses «acquis».
Quid alors de l’opposition? Pourrait-elle être appelée à la rescousse?
Peu probable. Le PAM est enlisé dans une grave crise organisationnelle et le parti est au bord de la scission. Il a, de ce fait, d’autres chats à fouetter.Et il ne faut pas compter sur l’Istiqlal, l’un des plus vieux partis du pays. Le parti de Nizar Baraka, selon nos sources, se positionne comme alternative aussi bien au PJD qu’au RNI d’Aziz Akhannouch et on voit mal comment et pourquoi il va user ses cartouches lors d’une expérience d’une durée de vie d’un an et demie, sachant que les élections, c’est pour 2021.
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