Acculé par la succession de scandales déclenchés contre ses proches, Abdelaziz Bouteflika semble aujourd’hui dans de meilleures dispositions vis-à-vis de ses adversaires. En subissant plusieurs défaites notamment la nomination du candidat du DRS (Nourredine Cherouati) à la direction de la Sonatrach et le blocage de ses poulains à qui il voulait offrir la DGSN, le président savait pertinemment que le feu s’approchait d’El Mouradia.
En vieux briscard de la politique, il n’allait pas rendre les armes sans combattre. La survie de son clan dépendait de la capacité de son chef à rendre les coups. Et des coups, Bouteflika en a reçu pendant sa longue carrière et il sait parfaitement les rendre.
Dans un premier temps, la partie paraissait perdue d’avance. Les stratèges du DRS avaient toujours un temps d’avance sur les troupes de Bouteflika. A peine celles-ci se remettent-elles du renvoi de l’émirati Emaar par le premier ministre Ahmed Ouyahya, qu’elles prennent en pleine figure le scandale des détournements de fonds à la Sonatrach où le neveu de Chakib Khélil est en fuite. Et les choses ne semblent pas vouloir s’arranger. Yazid Zerhouni, ancien patron du DRS et inamovible ministre de l’Intérieur depuis 12 ans, n’arrive pas à nommer un directeur à la police nationale. La paralysie du clan d’Oujda est alors totale…Et les rumeurs à Alger enflaient : Bouteflika n’en aurait pas pour longtemps. L’armée allait le pousser à démissionner pour cause de maladie. Et Ouyahya, qui piaffe d’impatience, serait un remplaçant idéal.
Mais, c’est sans compter avec l’habileté de Abdelaziz Bouteflika. Si le DRS est puissant et compte plusieurs relais au sein de la bureaucratie et même dans les médias, le président n’a pas encore dit son dernier mot. Il va user de ses prérogatives constitutionnelles et procéder à un vaste remaniement gouvernemental.
La contre-attaque de Bouteflika est toute simple. Il sacrifie Chakib Khélil, ministre de l’Energie et fidèle parmi les fidèles, devenu indéfendable. Le ministre de l’Energie est sur le point d’être l’objet de poursuites judiciaires et seule une nomination à un poste d’ambassadeur peut encore le sauver. Il pourrait être remplacé par Abdelmalek Sellal qui aurait pour mission de désamorcer la bombe Sonatrach qui menace toujours d’emporter le clan présidentiel.
Bouteflika devrait également déplacer Yazid Zerhouni du ministère de l’Intérieur pour le nommer au poste de vice-premier ministre qui sera nouvellement crée. Yazid Zerhouni, qui est loin d’être un novice en coups tordus, aura pour tâche de marquer Ouyahya «à la culotte» et lui compliquer la vie. Il aura aussi le temps de subir tranquillement ses séances d’hémodialyse. C’est Dahou Ould Kablia, ministre délégué aux collectivités locales, et qui doit toute sa carrière ministérielle au président Bouteflika qui sera appelé à reprendre le ministère de l’intérieur.
Les observateurs à Alger pensent que la parade trouvée par Abdelaziz Bouteflika pour contrecarrer le DRS ne durera que le temps d’un été. Tawfic Mediène n’est pas connu pour être un «chasseur qui lâche facilement ses proies».