Dix ans après la révolution, la situation socio-économique en Tunisie va de mal en pis. Une tendance confirmée dans le dernier rapport de la Banque Mondiale : une contraction record de la croissance de 9,2%, le chômage devrait augmenter et la part de la population susceptible de tomber dans la pauvreté devrait s’accroître. Si l’institution financière internationale prévoit une croissance de 5,8% en 2021, ce taux passerait à 2% en 2022 et les raisons sont multiples.
L’impact de la pandémie, qui se fera sentir jusqu’en 2021, et les faiblesses structurelles préexistantes, notamment l’affaiblissement du secteur privé et la mauvaise gestion des finances publiques. La Banque Mondiale, l’un des principaux créanciers, reproche l’absence de stratégie claire pour remédier aux profondes difficultés économiques et financières du pays, confronté à un déficit budgétaire d’une ampleur sans précédent. Pour stopper l’hémorragie, l’institution financière internationale exige la restructuration des finances publiques en limitant la masse salariale et en déplaçant l’aide sociale des subventions vers des transferts plus ciblés.
En effet, le climat d’incertitude, qui règne en Tunisie, plonge les entreprises tunisiennes, ayant perdu une grande partie de leur dynamisme, dans l’inconnu. Ces entreprises, moins innovantes et moins orientées vers l’exportation, investissent moins selon le dernier rapport de la Banque Mondiale, qui recommande la simplification radicale des autorisations et un meilleur accès au financement. Des réformes structurelles urgentes, mais pour l’heure, le gouvernement Hichem Mechichi, en place depuis septembre 2020 et tiraillé par les hostilités politiques, opte pour le statu quo