Aujourd’hui, les différentes parties prenantes à la révolution du jasmin, toutes tendances confondues, essaient de présenter leurs « lettres de créance » au Guide de la révolution libyenne. Les déclarations du guide au lendemain du départ de Zine El Abidine Ben Ali ont fortement inquiété l’opinion publique tunisienne qui redoutait une action « inamicale » du chef de l’Etat libyen. Ainsi, certains leaders politiques tunisiens parmi les plus en vue ces derniers jours appellent quotidiennement les membres du Haut Commandement libyen à Bab El Azizia à Tripoli, tandis que d’autres dépêchent des émissaires pour rencontrer les responsables du renseignement de la Jamahiriya, des Comités révolutionnaires et même certains des fils de Mouammar Kadhafi.
Le message adressé aux libyens, selon des sources concordantes à Tripoli, serait presque le même : le nouveau pouvoir en Tunisie préserverait, comme cela a été le cas du temps de Ben Ali, les relations privilégiées avec la Jamahiriya, surtout concernant le volet de la « sécurité nationale ». A cet égard, certains nouveaux leaders ont fait savoir à leurs interlocuteurs libyens qu’ils mettront, avec l’aide de l’armée, les courants islamiques dans la marmite. La réponse libyenne a été cinglante et inattendue. Les responsables de la Jamahiriya ont fait savoir qu’ils sauraient sauvegarder leurs intérêts sans avoir besoin de personne. Dans la foulée, l’on apprend que le chef du parti Ennahda, Rached Ghannouchi aurait rencontré, la semaine dernière à Londres et à deux reprises, l’un des patrons des Moukhabarates libyennes, et cela en présence de leurs homologues anglais.