Les informations les plus alarmantes- et les plus contradictoires- circulent depuis quelques jours sur l’état de santé du président algérien Abdelaziz Bouteflika. S’il est avéré que Bouteflika marque le pas depuis sa très médiatique admission à l’hôpital militaire français Val de Grâce…
en avril 2006, sa dernière apparition à la télévision nationale algérienne, en compagnie de Zinedine Zidane puis du Libyen Moussa Koussa, aura servi à faire cesser momentanément le flot de spéculations. Mais, ce n’est pas pour autant qu’elle fera taire les rumeurs, qui semblent issues d’un geyser mystérieusement alimenté. Très vite (trop vite ?), des doigts accusateurs venus d’Algérie ont pointé du doigt les « Usual Suspects », la France et le Maroc, les désignant comme source des ragots. Or, s’il est clair qu’aussi bien à Paris qu’à Rabat, la santé du président Bouteflika préoccupe au plus haut niveau, l’on voit mal l’intérêt qu’auraient ces deux pays à distiller de telles informations, car elles desserviraient leurs agendas algériens respectifs. Pour Paris comme pour Rabat, déstabiliser Bouteflika reviendrait à effectuer un saut dans l’inconnu, en changeant peut être pour pire.
Depuis la disparition du « cardinal » Belkheir, garant historique de certains équilibres, une partie serrée semble se jouer dans les coulisses du pouvoir algérien. Prenant probablement conscience du fait que Bouteflika n’est pas éternel, chaque clan essaye de faire avancer ses pions. Au palais de la Mouradia, Saïd Bouteflika, frère du président, ne compte pas se laisser faire. Il aiguise ses armes, réactive ses réseaux, même s’il sait qu’il aura fort à faire avec la « matrice » du pouvoir. De l’autre côté, les généraux hésitent encore pour choisir un successeur à l’actuel président si jamais celui-ci venait à disparaitre, où bien s’il était forcé à quitter le pouvoir pour « raisons médicales ». Ahmed Ouyahya, deux fois premier ministre et président du RND, semble un peu « cramé », même si c’est un fidèle parmi les fidèles. Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN, est un brin trop islamisant et manque terriblement de charisme.
A Paris, un nom revient de plus en plus souvent dans les discussions. C’est celui d’Ahmed Benbitour. Éphémère Premier ministre durant le premier mandat de Bouteflika, ce diplômé es économie du Canada a été plusieurs fois ministre, notamment des Finances et de l’Energie. En 2008, alors que tout le monde l’avait oublié, il multiplie les sorties contre Bouteflika et appelle à la refonte du rôle de l’Etat et au boycott des élections présidentielles de 2009. Il tient alors un discours très dur à l’encontre de Bouteflika à qui il reproche son incompétence et accuse de dérive népotique. Se préparait-il déjà à incarner la relève en se démarquant de la ligne officielle ? Les prochains jours risquent d’être un peu chauds à Alger et ce n’est simplement pas à cause des rumeurs…{JCSBOT SUBSCRIPTION=13,10,11,12}