Pour les agriculteurs ibériques, c’est devenu une question de vie ou de mort. Depuis des mois, des associations agricoles espagnoles, comme la Coordinadora de Organizaciones de Agricultores y Ganaderos (COAG), dénoncent une concurrence déloyale de la tomate marocaine sur les marchés européens.
Et pour diminuer le flux des tomates marocaines vers l’Europe, les Espagnols ont recours à toutes les armes y compris les moins propres. Ainsi, tour à tour, les associations professionnelles espagnoles accusent la tomate marocaine de contenir des insecticides interdits en Europe ou bien de provenir d’une région contestée (Sahara Occidental).
Il faut rappeler que la tomate marocaine surclasse dans les assiettes européennes celle en provenance de l’Espagne. Depuis trois années l’Espagne n’est plus le principal fournisseur du Royaume-Uni, un des principaux débouchés pour la tomate espagnole. D’autres pays européens suivent l’exemple britannique en augmentant leurs importations de tomates depuis le Maroc.
Cette situation a engendré un marasme sans précédent chez les producteurs espagnols. Ainsi, certaines régions espagnoles ont cessé ou ont drastiquement réduit leur culture de la tomate, comme c’est le cas aux Îles canaries et en Andalousie qui a perdu près de 4 000 hectares en 5 ans.
Grâce aux accords de libre-échange entre l’UE et le Maroc, Rabat peut exporter 320 000 tonnes de fruits et légumes en Europe, sans droits de douane. Mais en réalité, ce sont 600 000 tonnes, soit le double de ce qui est autorisé, entrent en Europe, précipitant ce secteur vital pour l’agriculture espagnole vers le précipice.