A Alger, les sécuritaires pavoisaient. Ils s’apprêtaient à donner la leçon aux autres pays du Sahel lors d’une conférence de presse dans la capitale algérienne.
Peu avant le point de presse, la nouvelle d’un attentat en Kabylie tombe comme un cinglant démenti aux discours sur la sécurisation du nord du pays. A 175 kilomètres à l’est d’Alger, une bombe posée par AQMI décapite un convoi militaire. Bilan lourd : 5 militaires tués et dix autres blessés. Une manière pour AQMI d’affirmer qu’elle peut porter des coups sanglants aussi bien dans le nord que dans le sud du pays. Lors d’une réunion mercredi dernier des responsables des services de renseignements de l’Algérie, de la Mauritanie, du Niger et du Mali se sont retrouvés pour débattre des derniers développements au Sahel. Malgré une bonne ambiance générale, les délégués du Mali et de la Mauritanie ont senti que les Algériens leur en voulaient. La presse algéroise n’a pas cessé de vilipender les stratégies militaires des deux pays. Selon une source à Nouakchott, les Algériens sont nerveux parce que le Mali voudrait associer la Libye et le Tchad à ces réunions, alors que les Mauritaniens désirent convier les Marocains. Une perspective qui indispose sérieusement les responsables algériens qui n’acceptent pas l’idée de voir la Libye et le Maroc jouer un plus grand rôle dans le Sahel. Déjà, la présence de la France au Sahel est un poison amer qu’Alger a du avaler. D’ailleurs, la lutte anti-terroriste au Sahel fait l’objet de tiraillements entre les Etats voisins. Le Mali et la Mauritanie soupçonnent l’Algérie de visées hégémoniques dans la conduite des opérations anti-terroristes dans le Sahel et le Sahara.