Blocage total dans les secteurs des télécommunications au Maroc. On devait normalement assister au milieu de l’année 2014 à l’arrivée du roaming national, permettant aux abonnés du mobile d’un opérateur d’utiliser le réseau d’un opérateur concurrent dans le cas où le réseau du premier ne couvre pas la zone où se trouve l’abonné. 2014 devait également être le moment où tous les opérateurs allait mutualiser leurs infrastructures entre les opérateurs existants, et ce afin d’élargir l’offre concurrentielle aux abonnements ADSL et téléphonie fixe. Un homme a mis tout son poids dans la bataille afin de faire aboutir ces projets. Il s’agit de Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Economie numérique, qui sait pertinemment que le plan d’accélération industrielle qui ambitionne de faire du Maroc une plate-forme industrielle incontournable en méditerranée ne peut réussir si le secteur des télécoms demeure en l’état. Cette ambition a rencontré celle d’Azdine Mountassir Billah, directeur général de l’Agence Nationale de Réglementation des Télécommunications, puisque le projet de loi sur les Télécoms prévoit de renforcer considérablement ses pouvoirs par rapport aux opérateurs. C’est tout normalement donc que le processus juridique suit tranquillement son cour, et en janvier dernier le texte est adopté par le conseil de gouvernement.
Un Problème surgit cependant. Au lendemain du passage du texte devant le conseil de gouvernement, la machine se grippe. Un homme, et non des moindres, remet du bois dans la chaudière. Abdeslam Ahizoun, roublard et rodé aux actions de lobbying, remue ciel et terre et crie à l’injustice. Il mobilise ses relais au parlement-Et Dieu sait qu’il en a- pour bloquer la discussion du texte et demander sa modification. Depuis sa privatisation en 2001, l’opérateur historique Maroc Telecom, dont il est le grand timonier, a lourdement investit dans ses réseaux : fixe et ADSL. S’ensuit alors un drôle bras de fer entre ces trois personnages-Ministre, Dg et président de directoire- tous théoriquement disposant de paratonnerres en haut lieu. Au début de l’été, le secteur des télécoms donne l’impression d’être irréformable. Mais L’ANRT ne l’entend pas de cette oreille.
Le 17 juin 2014, celle-ci ouvre les hostilités et met en demeure Maroc Telecom de mettre en place une offre de gros de dégroupage de sa boucle locale. Ce qui veut littéralement dire que Maroc Telecom doit faire une offre technique et tarifaire de dégroupage et de l’utilisation de ses infrastructures à ses deux concurrents, INWI et Méditel. D’après nos sources, Maroc Telecom aurait déjà répondu, sans que cela ne fasse bouger le dossier d’un Iota.
Aujourd’hui, l’instance de réglementation donne une terrible impression d’impuissance face à Maroc Telecom, alors que les deux autres opérateurs ont impérativement besoin du haut débit généralisé pour pouvoir prétendre concurrencer vraiment l’opérateur historique. A ce propos, INWI a un besoin pressant de partage parce qu’elle est en perte de vitesse sur le segment du fixe. La partie promet d’être encore longue et surtout plein de rebondissements.