Par Skander Salhi
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Ces dernières 48 heures, une vive polémique avec la France prend le pas sur tout autre sujet d’actualité en Algérie. Les scènes et images incroyables de plusieurs centaines de jeunes étudiants algériens massés dans des conditions déplorables devant les portes de l’Institut français d’Alger ont provoqué la colère des hauts responsables du régime. Les bousculades et tentatives d’escalade des mûrs de l’établissement pour s’inscrire à un test de langue, indispensable pour décrocher le précieux visa d’étude en France, ont choqué, révolté et indigné les Algériens.
Ces incidents ont surtout nourri une véritable paranoïa de la part des hauts responsables algériens vis-à-vis de la France. Au sommet de la pyramide de l’Etat algérien, on crie au complot en affirmant que cette débandade humiliante a été sciemment provoquée pour ridiculiser les autorités algériennes. C’est du moins ce que croient plusieurs hauts cadres du FLN, du RND, les deux partis au pouvoir, ainsi que plusieurs dignitaires des services de sécurité. Ces apparatchiks accusent les autorités consulaires françaises d’être à l’origine de cette situation afin de porter préjudice à la crédibilité du régime algérien.
Le FLN et le RND ont réagi publiquement en dénonçant indirectement un complot à des fins politiques. A en croire leurs principaux dirigeants, la France a voulu se venger contre l’Etat algérien en modifiant à la dernière minute les procédures de pré-inscription universitaire. Au départ, tout devait se faire sur une plateforme Web afin de répondre à toutes les demandes des étudiants algériens. Mais un bug est signalé et les services culturels de l’ambassade de France à Alger appellent subitement tous les candidats à se présenter dimanche matin devant le siège de Campus France. Les conséquences étaient assez prévisibles, et dès 2h00 du matin, des étudiants originaires des wilayas lointaines d’Alger ont campé devant les portes de Campus France pour obtenir les meilleurs places dans ce qui allait devenir la chaîne la plus interminable des ces dernières années à Alger. Pourquoi les responsables de l’ambassade de France n’ont-ils pas adopté le système idoine pour canaliser toutes ces demandes de visa d’étude ? Une interrogation qui suscite le courroux des dirigeants algériens qui reprochent aux représentants français d’avoir fabriqué cette crise de toute pièce afin de torpiller l’image de l’Algérie. Mais dans quelle optique ? La France perd des marchés en Algérie et son lobbying de moins en moins payant. Il fallait donc riposter et créer de la tension en Algérie pour rappeler l’importance de place de la France dans le pays.
Face à cette paranoïa, les diplomates français tentent de calmer le jeu et jurent qu’ils font de leur mieux pour gérer le délicat dossier des visas pour les étudiants algériens. De nouvelles mesures ont été mises en place pour faire face à la trop forte demande, des assurances qui ne semblent pourtant pas suffire, puisque le patron du FLN s’est cru dans l’obligation d’intervenir sur un plateau de télévision pour imposer une sévère mise au point.
LA culture n’a pas de Prix.