Les habitants du boulevard Mourad Didouch, en plein centre d’Alger, n’en reviennent toujours pas. Depuis le début du mois de Ramadan, ils ne comptent plus les coupures d’électricité dont le boulevard mythique de la capitale algérienne est victime. Ils ne sont pas les seuls. Des milliers d’Algériens subissent depuis des semaines des délestages en série que les autorités ne prennent même pas la peine d’annoncer. En cette fin du mois sacré, les coupures d’électricité ne sont pas le seul sujet de préoccupation des Algériens. En effet, depuis plus de 4 mois, aucun Conseil des ministres ne s’est plus réuni sous la présidence du président Abdelaziz Bouteflika. Les conseils de gouvernement se font de plus en plus rares. L’équipe d’Ahmed Ouyahia est amputée depuis le 9 mai dernier de six de ses membres. « Le pays tourne au ralenti et les dossiers s’amoncellent sur les bureaux des administrations. Personne ne prend l’initiative. Personne ne tranche. On vit une véritable vacance de pouvoir », s’alarme un célèbre éditorialiste. Sur les réseaux sociaux, les jeunes dénoncent un pays à la dérive et un pouvoir de plus en plus inerte. « La crise en Algérie n’est pas d’ordre économique. Elle est plutôt intellectuelle. Le pays n’a pas de feuille de route. En guise de projet de société, les chinois et les Turcs nous construisent des autoroutes et les Français des voies ferrées et des tramways », ironise un ancien premier ministre. D’après des diplomates français qui connaissent très bien le pays, l’Algérie aurait raté il y a une année l’opportunité de mettre en place une transition générationnelle. « L’Algérie est un pays immensément riche et jeune, géré par une mentalité de boutiquiers septuagénaires », se lamentait il y a quelques mois un ancien haut responsable, aujourd’hui à la retraite.