Les relations entre le Maroc et l’Espagne n’ont jamais été un long fleuve tranquille. En effet, en raison d’un lourd passif historique et géographique, les deux royaumes traversaient continuellement de graves moments de crise qui frôlaient parfois l’affrontement direct.
Ainsi, la première quinzaine du mois d’août a révélé que les tensions entre les deux pays voisins peuvent surgir à n’importe quel moment et pour n’importe quel motif. En cette période estivale, les incidents se sont multipliés aux postes frontières entre le Maroc et les présides occupés par l’Espagne. Les deux villes du Nord du royaume du Maroc sous souveraineté ibérique, connaissent une crise économique suffocante due à la fois à la crise espagnole et à l’essor économique des régions marocaines limitrophes. Cette situation a poussé les autorités de Sebta et Melilia à beaucoup de nervosité. Les policiers espagnols ont multiplié les bavures à l’encontre des ressortissants chérifiens, mais également à l’encontre des immigrés clandestins d’origine africaine qui tentent de rejoindre les deux villes « occupées ». En réaction, le gouvernement de Rabat a fortement protesté auprès de son homologue de Madrid en dénonçant énergiquement les méthodes de la police espagnole. Les Marocains ont tellement mis la pression, preuves à l’appui, que le palais de La Moncloa-siège de la présidence du conseil à Madrid- a demandé au roi Juan Carlos 1er d’appeler en urgence le roi Mohammed VI. Chose faite, puisque les deux souverains, qui s’apprécient par ailleurs, ont longuement conversé au téléphone. La situation ayant été jugée gravissime, la décision de dépêcher précipitamment le ministre espagnol de l’Intérieur à Rabat a été prise par le gouvernement Zapatero. Une réaction somme tout normale et courante en situation de crise entre deux pays liés par d’énormes intérêts communs. C’est à partir de ce moment-là, révèle une source espagnole à Maghreb-intelligence, que la machine de guerre médiatique a décidé de se mettre en branle contre le Maroc. D’après notre source, des dîners ont réuni à Madrid certains cadres du Centre national d’intelligence (CNI services de renseignements espagnols), mécontents de la « faiblesse » montrée par le gouvernement face au Maroc, et certains journalistes « spécialisés » dans les affaires chérifiennes. Juste après ces agapes très spéciales, les tirs contre le royaume du Maroc ont commencé dans les titres madrilènes prestigieux. Le vendredi 13 août, c’est le quotidien conservateur ABC qui dégaine le premier sous la plume de son ancien directeur Ignacio Camacho qui voue une haine viscérale aussi bien au Maroc qu’à la gauche espagnole. L’article-tribune libre intitulé « Mohammed (VI) à la recherche de tendresse » n’offre aucun élément d’analyse. Il s’attaque directement et personnellement à Mohammed VI. Le samedi 14 août, c’est Ignacio Cembrero qui enfonce le clou, dans le quotidien El Païs, en mettant la crise entre les deux pays sur le coup d’une colère royale. Pour seule preuve, le journaliste espagnol cite un ancien directeur de journal dont la publication a fait faillite il y a quelques mois parce qu’elle ne pouvait pas honorer ses engagements financiers.