Les islamistes marocains, comme leurs frères un peu partout dans le monde arabe, sont passés maîtres dans le double-jeu et la distribution des rôles. Il faut dire que la clarté et la clarification des positions ne sont pas la première préoccupation des formations politiques d’obédience islamiste.
Au Maroc, où ils dirigent le gouvernement depuis 9 ans, ils sont un pied dedans, un pied dehors. Et la récente polémique, qu’ils sont d’ailleurs les seuls à soulever, autour des crédits à des taux très bas au profit des entreprises (TPME) vient encore le prouver.
Un des dirigeants influents du PJD, Mohamed Najib Boulif, plusieurs fois ministre et membre de la direction du PJD n’a pas rien trouvé de mieux que de décréter que le taux de 2% concédé par les banques aux jeunes entrepreneurs, sur instruction du roi Mohammed VI, était illicite et qu’il valait mieux faire appel aux banques participatives (islamiques, une arnaque dont personne n’est plus dupe).
La chose aurait été acceptable à la rigueur si un tel avis (Fatwa) avait émané d’un dirigeant c du Ponnu pour ses positions radicales. Sauf que là, il s’agit d’un ancien ministre (deux mandats) et d’un dirigeant qui demeure influent au sein de la hiérarchie du PJD.
De deux choses l’une alors. Soit Saâd Eddine El Othmani délègue à ses adjoints les plus proches la mission de clamer haut et fort tout «le mal» qu’il pense tout bas de tel ou tel chantier ou projet. Soit, qu’il est débordé par ses adjoints et ses bases et dans ce cas là, il doit rendre le tablier et remettre le flambeau à un autre SG capable d’imposer la discipline dans la maison PJD.
Ce qui rajoute au flou de la position du parti qui dirige le gouvernement est que personne ne s’est manifesté pour dire clairement et sans ambiguïté aucune que la position de Mohamed Najib Boulif ou un autre ne concernait que leurs propres personnes et non le PJD. Mais motus et bouche cousue. En attendant la prochaine sortie de piste…