A Rabat, dans la moiteur des nuits chaudes, on ne parle que de ça. La possibilité d’un ultime remaniement ministériel pour revigorer l’atone équipe du premier ministre Abbas El Fassi se précise de plus en plus.
Le changement devrait être opéré pendant le mois de ramadan avant l’entrée parlementaire. Le remodelage de l’équipe ministérielle dirigée par le premier ministre istiqlalien depuis octobre 2007 devrait être significatif. Certains poids lourds de parti nationaliste devraient quitter le gouvernement, et ce pour différentes raisons. A leur tête, le fringant et volubile Ahmed Taoufiq Hjira, ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, qui payerai ainsi l’inefficacité de sa stratégie d’éradication des bidonvilles. Alors qu’il n’a pas arrêté depuis trois années de matraquer qu’il ferait de la majorité des villes marocaines, des pôles urbains modernes sans bidonvilles, sa politique s’est soldée par échec patent. A la charge de Taoufiq Hjira, les observateurs citent également, les retards et les dysfonctionnements qui ont accompagné le lancement des nouvelles villes comme Tamensourt et Tamesna, projet auquel le roi Mohammed VI tient beaucoup. Abbas El Fassi qui ne le porte pas spécialement dans son cœur, ne ferait ainsi rien fait pour le garder.
La deuxième «star» de l’Istiqlal qui devrait, malgré de forts appuis, se retrouver hors du gouvernement est la ministre de la Santé Yasmina Baddou. Longtemps «protégée» dans un secrétariat d’Etat à la famille, l’avocate fille d’une figure historique de l’Istiqlal n’a pas su digérer sa promotion au poste de ministre de la Santé. Surexposée, elle a cumulé les faux-pas et les déclarations maladroites. Ses propos ont suscité plusieurs fois de véritables levées de boucliers aussi bien dans la presse que dans l’enceinte du parlement où les députés, majorité et opposition, raillent son arabe approximatif et ses formules à l’emporte-pièce.
Un autre ministre istiqlalien «plein galons» devrait lui aussi faire les frais du prochain remaniement. Abdelatif Maazouz, ministre du Commerce extérieur, pourrait lui aussi disparaître du nouvel organigramme gouvernemental. Son ministère faisait du surplace depuis la création de l’AMDI, piloté par un proche du palais, Fathallah Sijilmassi qui devrait récupérer la majorité des attributions du ministère du Commerce extérieur.
Les dirigeants de l’USFP qui admettent aujourd’hui, haut et fort, s’être lourdement trompés en propulsant Bensalem Himmich ministre de la Culture auraient l’occasion de se racheter en renvoyant l’écrivain-poète à ses chères études. Le ministre, véritable erreur de casting d’après les Ittihadis eux-mêmes, passe ses journées enfermé dans son bureau à écrire de la poésie ou à lire des romans, refusant de recevoir ceux qui en font la demande à son secrétariat.
Un autre parti devrait à l’occasion de ce remaniement «solder ses comptes». Le PAM en retirant Ahmed Akhchichen du gouvernement s’enlèverait ainsi une épine du pied. Il affrontera les élections de 2012 en étant complètement et totalement dans l’opposition.
Cela dit, après ce remaniement très attendu, le gouvernement de Abbas El Fassi passera dans la postérité comme étant l’équipe gouvernementale qui a subi les plus de retouches en très peu de temps. C’est toujours ça de gagné.