Faisant montre d’un opportunisme de mauvais aloi et de petits calculs politiciens, le troublant président de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Ilyas El Omari, ne recule devant rien pour se montrer à son avantage dans des lieux où il n’est même pas convié. Alors que la colère grondait depuis des semaines chez les ouvriers des usines du groupe américain Delphi, le ministre de l’Industrie et du Commerce et les équipes du ministère de l’Intérieur se démènent pour désamorcer la bombe. Car il y a péril en la demeure. L’équipementier américain qui dispose au Maroc de quatre unités dernier cri et qui emploie 14 000 personnes, est un des atouts du royaume dans le secteur de l’industrie automobile. Pour Moulay Hafid Elalamy et pour le ministère de l’Intérieur, il n’est pas question de laisser pourrir la situation.
Le 21 juin dernier, le président du groupe américain atterrit directement des Etats-Unis. En compagnie de Moulay Hafid Elalamy et des équipes du ministère de l’Intérieur, il se rend à l’usine Delphi implantée dans le parc industriel Atlantic Free Zone de Kenitra, où la presse n’est pas conviée. Y compris les chaînes de télévision publique et la MAP, pourtant habituées à couvrir de tels événements. « Il s’agissait de mener des négociations délicates et de rassurer les employés. Le tout dans la discrétion la plus totale et cela pour la réussite de l’opération déminage », nous assure un cadre du ministère de l’Intérieur qui a suivi de près les négociations. Dans la foulée, une visite est effectuée dans les deux usines de Delphi à Tanger dans les mêmes conditions que celle de Kénitra. La rencontre à la première unité se déroule bien. Mais à l’arrivé de la délégation dans la deuxième unité, tout le monde est surpris par la présence d’Ilyas El Omari que personne n’a par ailleurs invité.
Passé maître dans l’art de l’esbroufe et de la récupération politicienne, l’ancien Secrétaire général du PAM (Parti authenticité et modernité), qui à cause de ses multiples erreurs politiques a été obligé de démissionner de la tête de son parti, est accompagné de son photographe-cameraman attitré. Il pose et prend des photos que son « homme à tout faire » publie largement sur les réseaux sociaux. Comme à son habitude, le précédent de son voyage impensable à bord de l’avion de l’équipe nationale de football depuis Abidjan est toujours dans les esprits des supporters marocains choqués, Ilyas El Omari veut s’octroyer l’improbable rôle de héros. Alors que les ministères de l’Intérieur et de l’Industrie mènent des négociations tendues pour sauver des milliers d’emplois, le président de la région Tanger-Tétouan n’en a cure. Il ne pense qu’à redorer son image sérieusement écornée et « sauter honteusement sur les occasions quitte à marcher sur des cadavres », explique, amer, un membre du bureau politique du PAM qui l’a longtemps côtoyé.
Ssi OMARY a dépassé toutes les limites depuis un an et avant les événements de Houceima. Il faut le neutraliser; tous les moyens efficaces sont recevables. Il le faut.