En mars 2005, le roi du Maroc Mohammed VI arrive en Algérie pour assister au sommet de la Ligue Arabe. Aujourd’hui, ce séjour du monarque alaouite à Alger, demeure le premier et le dernier.
La veille du sommet, considéré par feu Abdelaziz Bouteflika comme le couronnement du retour de son pays sur la scène arabe et internationale, le successeur de Hassan II s’est offert une promenade nocturne dans les rues d’Alger, sans escorte armée, ni autres protocoles de sécurité.
Le lendemain matin, la presse algérienne a salué quasi unanimement, l’acte de Mohammed VI. Il faut dire qu’à l’époque les artères de la ville d’Albert Camus étaient encore parsemées de barrages sécuritaires : souvenir vivace de « la décennie noire ». Une période durant laquelle déambuler, la nuit, dans les villes algériennes, était vu comme une entreprise risquée.
En dépit de cette visite, les relations maroco-algériennes n’ont pas vraiment évolué. Pour le roi Mohammed VI, elles sont « stables ». Pour le président algérien, elles ont atteint « un point de non-retour ».
Or, la politique de la main tendue du Maroc a été une constante dans la démarche préconisée par le souverain chérifien vis-à-vis des gouvernants algériens, depuis au moins une dizaine d’année. Samedi dernier, il a encore souligné cette constante, durant le discours qu’il a prononcé à l’occasion du 24-ème anniversaire de son accession au trône du Maroc.
Il est fort probable, que l’Algérie officielle fera – comme à l’accoutumé – la sourde oreille à l’offre de la main tendue, exprimée maintes fois par Mohammed VI. Alger resterait silencieuse. La réaction (ou la riposte ?) proviendrait des journalistes, des éditorialistes et autres commentateurs politiques, qu’ils soient basés en Algérie, ou « exilés » en Europe et en Amérique du nord.
Parmi eux, certains ont qualifié l’offre marocaine de « cadeau empoisonné », de « piège tendu par le roi aux dirigeants algériens ». D’autres parlent, avec une condescendance maladroite, d’un « air de déjà vu ». D’autres encore, appellent à une médiation saoudienne et/ou africaine entre Rabat et Alger. Ils ne cessent de tirer la sonnette d’alarme sur l’imminence d’une guerre entre le Maroc et l’Algérie.
En réalité, ces commentateurs expriment le doute et l’embarras, dans lesquels se trouve le régime algérien. Pour comprendre le silence assourdissant de l’Algérie officielle, vis-à-vis de la main tendue de Mohammed VI, il faut rappeler quelques vérités factuelles. Celles-ci sont souvent négligées par les éditorialistes algériens.
1. La rupture des relations diplomatiques a été et demeure une décision « souveraine » de l’Algérie.
2. Officiellement, le Maroc n’a pas rompu ses relations diplomatiques avec l’Algérie. Ceci explique, sans doute, la déclaration du roi quand il affirme que ces relations sont « stables ».
3. La reprise des relations diplomatiques incombe à la partie qui les a rompus. Mais cela demande du courage politique !
4. Lors de sa conférence de presse de l’été 2021, le ministre algérien des affaires étrangères de l’époque, M. Ramtane Lamamra, avait énuméré toute une série de raisons, justifiant la décision de son pays de rompre les relations diplomatiques avec le Maroc. Tout un chacun pourrait examiner la liste de ces raisons : le mot « Israël » n’y figure pas.
5. Depuis février 2017, date à laquelle le Maroc a réintégré l’Union Africaine, les dirigeants algériens – et avec eux une flopée de commentateurs et autres analystes – tournent en rond. Les arguments qu’ils avancent afin de justifier l’attitude surréaliste de leur pays vis-à-vis du Maroc, ne tiennent pas la route. Ils savent très bien que le royaume chérifien est leur voisin le plus sûr, le plus stable et le plus développé.
Tout le reste : les éditoriaux, les vlogues, les blogs, les articles au vitriol – d’ici ou de là-bas – ne sont que de la mauvaise littérature. C’est une insulte à l’intelligence des maghrébins, qui hypothèque leur avenir commun.