Par Caterina Lalovnovka
A
A
Le prince héritier saoudien et nouvel homme fort du royaume wahhabite, Mohamed Ben Salmane, ne ménage pas ses efforts pour tenter de se rapprocher de la République islamique d’Iran. MBS multiplie les initiatives à l’adresse des dirigeants iranien en faveur du rétablissement des relations diplomatiques entre les deux puissances régionales, rompues à l’initiative de Téhéran en janvier 2016. Depuis, la situation s’est sensiblement détériorée pour l’Arabie Saoudite, notamment au Yémen et dans les régions de l’Est du royaume, où vit une importante minorité chiite. Mohamed Ben Salmane a compris que le bourbier yéménite, en plus de saigner les finances de Ryad déjà bien entamées par la baisse continue des prix du pétrole, nuit énormément à son prestige de ministre de la Défense en l’absence d’avancée sur le terrain militaire. Un prestige dont il a besoin pour contrer la montée de la contestation dont il fait l’objet au sein de la famille royale. MBS s’apprêterait ainsi à sacrifier le ministre des Affaires étrangères Adel Al-Joubeir, rendu responsable d’une gestion calamiteuse de la crise avec le Qatar. Autre gros calibre dans le collimateur du prince héritier, Mitaâb Ben Abdallah, le patron de la Garde nationale, auquel il tente d’imputer l’échec de la campagne militaire au Yémen. Selon des sources diplomatiques russes dans la région, les décisions à venir de Mohamed Ben Salmane ne seraient qu’une fuite en avant face aux multiples échecs essuyés au cours des deux dernières années. La réconciliation avec l’Iran, si elle devait se concrétiser, serait très mal perçue par les Saoudiens auxquels on a toujours présenté le régime de Téhéran comme le mal absolu.