Quand un jeudi pluvieux du mois d’avril 2014, Mohammed VI donnait le coup d’envoi de la nouvelle stratégie industrielle du royaume chérifien, ils étaient plusieurs observateurs à penser à un simple effet d’annonce. Il faut dire que le Plan d’accélération industrielle concocté par la team Moulay Hafid Elalamy était audacieux. En voulant réorganiser l’industrie marocaine autour de 54 écosystèmes, en partenariat avec 32 associations professionnelles et universités, MHE avait bousculé plusieurs « mauvaises habitudes » et surtout obligé certains secteurs à une modernisation à pas forcés. Rendez-vous était donc pris pour un bilan du PAI en 2020.
Seulement, en guise de bilan, Moulay Hafid Elalamy n’a eu besoin ni de communiqué chiffré ni de conférence de presse convenue. Obligée de se déployer pour faire face à la pandémie du coronavirus, l’industrie marocaine a su répondre, en un temps record, à la demande en masques et en appareils de respiration artificiels. La filière de fabrication de sacs en plastique, entre autres, qui avait traîné les pieds pour opérer sa mise à niveau après l’interdiction de la fabrication et la commercialisation des sacs en plastique, a relevé le défi. Le Maroc est l’un des seuls pays du pourtour méditerranéen à pouvoir produire jusqu’à 6 millions de bavettes de protection par jour, conformes aux normes en vigueur dans l’Union européenne.
Une autre prouesse a été réussie par d’autres écosystèmes mis en place pour le Plan d’accélération industriel, notamment les clusters des industries aéronautiques et électroniques qui ont, en partenariat avec l’Université Polytechnique Mohammed VI, de l’Institut National des Postes et Télécommunications et du Centre Marocain des Sciences, de l’Innovation et de la Recherche, conçu et procédé à la fabrication d’appareils de respiration artificielle 100 % marocains, destinés dans un premier temps aux établissements hospitaliers chargés de l’accueil des patients atteints du Covid-19.
Enfin, au niveau des solutions hydro-alcooliques, une usine de la ville de Kénitra, spécialisée dans la production d’éthanol à l’arrêt depuis 2018, s’est remise à fonctionner en une semaine afin d’alimenter le marché marocain. Aujourd’hui les gels antiseptiques sont disponibles dans tous les commerces à des prix à la portée des plus petites bourses.