Le lobbying très actif mené en ce moment par Emmanuel Macron pour obtenir un rapprochement avec Vladimir Poutine, l’homme fort de la Russie, alimente les craintes des autorités algériennes. Ces efforts de rapprochement fournis par Macron pour apaiser les relations de l’Europe avec la Russie font craindre au régime algérien de nouveaux rapports de force qui vont l’exclure de la zone d’influence que rêve de bâtir en Afrique du Nord et au Sahel Alger.
La récente visite de Macron à Moscou le 7 février dernier a dévoilé les axes de cette nouvelle stratégie du Président français qui tente de séduire Poutine pour négocier avec lui un compromis qui lui permettra de calmer les ardeurs russes dans le conflit ukrainien. Mais c’est le dossier malien qui inquiète Alger car il a été longuement abordé pendant les 5 heures ayant réuni Macron à Poutine à Moscou. Des télégrammes diplomatiques provenant de l’Ambassade d’Algérie à Moscou ont confirmé cette information qui a provoqué plusieurs réunions au cabinet de Ramtane Lamamra et ensuite ensuite des briefings au Palais Présidentiel d’El-Mouradia lequel tourne au ralenti depuis près de 10 jours en raison de la forte propagation du coronavirus COVID-19 ayant contraint plusieurs conseillers à rester alités dans leurs maisons.
Alger craint officiellement que Paris trouve un terrain d’entente avec Moscou à propos du dossier malien. Une entente qui pourrait mettre en péril les intérêts et objectifs du pouvoir algérien. Emmanuel Macron a démontré à la Russie qu’il est prêt à accepter des compromis et bâtir une nouvelle relation basée des convergences mutuelles. Selon des diplomates algériens, Macron a réussi à obtenir plusieurs points lors de cette offensive diplomatique envers la Russie. Le président français s’impose de plus en plus comme le seul interlocuteur qui peut parler directement et franchement à Poutine.
Ce qui porte à croire que les deux puissances vont négocier un accord concernant leur influence au Mali. Et dans cet accord, Alger risque de laisser des plumes car si les Russies reculent sur certains points, cela signifiera que la France conservera sa présence militaire sur le sol malien et aura toujours son mot à dire sur les futurs événement qui vont marquer le Mali.
Ce qui mettra en échec la stratégie algérienne consistant à chasser la France du Mali pour la remplacer en partenariat avec la Russie en disposant d’une feuille de route axée essentiellement sur le renforcement de la junte malienne et les négociations avec de nombreux groupes djihadhistes du nord du Mali dans l’objectif d’imposer une « concorde civile » à l’algérienne comme aux débuts des années 2000. Cette feuille de route ne pourra jamais être appliquée si la France conserve toute sa puissance de frappe au Mali. Alger le sait pertinemment.