« La boîte noire » qui gère l’Algérie depuis des décennies a fini par capituler devant la contestation populaire qui s’est fortement amplifiée depuis vendredi dernier. Toute l’Algérie a retenu son souffle ce weekend dans l’attente de nouvelles sur la santé de son président vieillissant et hospitalisé jusqu’à dimanche soir à Genève. D’ailleurs, c’est dans une ville d’Alger, paralysée par une grève générale, que le président encore en exercice fait son entrée après avoir atterri à l’aéroport miliaire de Boufarik. C’est en ce moment, d’après des sources bien informées, qu’Abdelaziz Bouteflika a pris toute la mesure de la crise qui frappe le pays et risque à chaque moment d’emporter le pays.
Dans la nuit du dimanche à lundi, les tractations se poursuivaient dans le palais d’El Mouradia entre le général Ahmed Gaïd Salah, Saïd Bouteflika et le général Athmane Tartag. Le président qui avait rejoint sa résidence médicalisée de Zeralda est tenu informé du contenu de ces discussions par son frère Nacer Bouteflika. Une solution tarde à être trouvée. Le patron de l’armée insiste sur l’obligation d’organiser les élections avec le maintien de la candidature du président sortant. « Sinon, l’armée prendra ses responsabilités », tonne le général Gaïd Salah qui milite également, au cas où le report des élections est acté, pour l’instauration de l’état d’urgence. Le général Athmane Tartag est résolument contre. La communauté internationale avec à sa tête Paris et Washington seraient résolument contre et pourraient « sanctionner économiquement » une Algérie déjà en proie à la baisse de ses revenus pétroliers. Saïd Bouteflika est muet et se contente d’écouter les deux généraux élaborer les multiples scénarios de sortie de crise.
Quand les trois hommes se revoient en fin de matinée du lundi 11 mars à Zeralda, c’est un Abdelaziz Bouteflika en personne qui leur annonce d’une voie à peine audible qu’il jette l’éponge. Un projet de lettre adressée aux Algériens est déjà prêt. Le président ne mourra pas au pouvoir. Il décide de ne pas rempiler pour un cinquième mandat et annonce une feuille de route assez brouillonne. La mouture définitive est diffusée dans la presse officielle vers 18 H 15. Dans la foulée, le premier ministre Ahmed Ouyahia, au demeurant très impopulaire, est limogé.
Le peuple algérien tient sa première victoire contre le « système » qui a gouverné le pays depuis des dizaines d’années. Le général Ahmed Gaïd Salah âgé de 80 ans, même s’il reste à la tête de l’armée, sort très affaibli de cette crise. Son sort semble étrangement très lié à celui d’un président qui a jeté l’éponge.
Message d’Abdelaziz Bouteflika au Peuple algérien
Chères concitoyennes,
Chers concitoyens,
L’Algérie traverse une étape sensible de son Histoire. Ce 8 mars, pour le troisième vendredi consécutif, d’importantes marches populaires ont eu lieu à travers le pays. J’ai suivi ces développements et, comme je vous l’ai déjà annoncé le 3 de ce mois, je comprends les motivations des nombreux compatriotes qui ont choisi ce mode d’expression dont je tiens, une fois de plus, à saluer le caractère pacifique.
Je comprends tout particulièrement le message porté par les jeunes en termes, à la fois, d’angoisse et d’ambition pour leur avenir propre et pour celui du pays. Je comprends aussi le décalage qui a pu être source de préoccupation entre, d’un côté, la tenue de l’élection présidentielle à une date techniquement appropriée en tant que jalon de gouvernance dans la vie institutionnelle et politique et, de l’autre, l’ouverture, sans délai indu, du vaste chantier, politiquement hautement prioritaire, de conception et de conduite de réformes profondes dans les domaines politique, institutionnel, économique et social, avec la participation la plus large possible et la plus représentative de la société algérienne, y compris la juste part devant revenir aux femmes et aux jeunes. Je comprends enfin que le projet rénovateur de notre Etat-nation, dont je vous ai annoncé les principales articulations, gagnerait à bénéficier d’un surcroit de clarifications et être préparé, pour chasser tout doute des esprits, par la réunion des conditions de son appropriation par toutes les couches sociales et les composantes de la Nation algérienne.
En toute fidélité au serment que j’ai fait devant le peuple algérien de protéger et de promouvoir en toutes circonstances les intérêts bien compris de notre Patrie, et après les consultations institutionnelles requises par la Constitution, j’invoque la grâce et le soutien de Dieu Tout-Puissant pour me prévaloir des valeurs supérieures de notre peuple dont nos glorieux martyrs et nos valeureux moudjahidine ont consacré l’immortalité pour présenter à l’adresse de vos cœurs et à vos consciences les décisions suivantes:
Premièrement : Il n’y aura pas de cinquième mandat et il n’en a jamais été question pour moi, mon état de santé et mon âge ne m’assignant comme ultime devoir envers le peuple algérien que la contribution à l’assise des fondations d’une nouvelle République en tant que cadre du nouveau système algérien que nous appelons de tous nos vœux. Cette nouvelle République et ce nouveau système seront entre les mains des nouvelles générations d’Algériennes et d’Algériens qui seront tout naturellement les principaux acteurs et bénéficiaires de la vie publique et du développement durable dans l’Algérie de demain.
Deuxièmement : Il n’y aura pas d’élection présidentielle le 18 avril prochain. Il s’agit ainsi de satisfaire une demande pressante que vous avez été nombreux à m’adresser dans votre souci de lever tout malentendu quant à l’opportunité et à l’irréversibilité de la transmission générationnelle à laquelle je me suis engagé. Il s’agit aussi de faire prévaloir la noble finalité des dispositifs juridiques qui réside dans une saine régulation de la vie institutionnelle et dans l’harmonie des interactions socio-politiques, sur une observation rigide d’échéances pré-établies. Le report de l’élection présidentielle qui a été réclamé vient donc pour apaiser les appréhensions qui ont été manifestées afin d’ouvrir la voie à la généralisation de la sérénité, de la quiétude et de la sécurité publique, dans l’objectif d’entreprendre ensemble les actions d’importance historique qui permettront de préparer le plus rapidement possible l’avènement d’une nouvelle ère en Algérie.
Troisièmement : Dans la perspective d’une mobilisation accrue des pouvoirs publics et du rehaussement de l’efficacité de l’action de l’Etat dans tous les domaines, j’ai décidé de procéder tout prochainement à des changements importants au sein du Gouvernement. Ces changements constitueront une réponse adéquate aux attentes dont vous m’avez saisi, ainsi qu’une illustration de ma réceptivité à l’exigence de reddition de comptes et d’évaluation rigoureuse dans l’exercice des responsabilités à tous les niveaux et dans tous les secteurs.
Quatrièmement : La Conférence nationale inclusive et indépendante sera une enceinte dotée de tous les pouvoirs nécessaires à la discussion, l’élaboration et l’adoption de tous types de réformes devant constituer le socle du nouveau système que porte le lancement du processus de transformation de notre Etat-nation, que j’estime être ma mission ultime en parachèvement de l’œuvre dont Dieu Tout-Puissant m’a accordé la capacité et pour laquelle le peuple algérien m’a donné l’opportunité.
Cette conférence sera équitablement représentative de la société algérienne comme des sensibilités qui la parcourent. organisera librement ses travaux, sous la direction d’une instance présidentielle plurielle, avec à sa tête un président qui sera une personnalité nationale indépendante, consensuelle et expérimentée. La conférence doit s’efforcer de compléter son mandat avant la fin de l’année 2019.
Le projet de Constitution qui émanera da la Conférence sera soumis à un référendum populaire. La Conférence nationale indépendante fixera souverainement la date de l’élection présidentielle à laquelle je ne serai en aucun cas candidat.
Cinquièmement : L’élection présidentielle qui aura lieu dans le prolongement de la conférence nationale inclusive et indépendante sera organisée sous l’autorité exclusive d’une commission électorale nationale indépendante dont le mandat, la composition et le mode de fonctionnement seront codifiés dans un texte législatif spécifique qui s’inspirera des expériences et des pratiques les mieux établies à l’échelle internationale. La création d’une commission électorale nationale indépendante est décidée pour répondre à une revendication largement soutenue par les formations politiques algériennes ainsi qu’à une recommandation constante des missions d’observation électorale des Organisations internationales et régionales invitées et reçues par l’Algérie lors des consultations électorales nationales précédentes.
Sixièmement : Dans le but de contribuer de manière optimale à la tenue de l’élection présidentielle dans des conditions incontestables de liberté, de régularité et de transparence, il sera formé un Gouvernement de compétences nationales bénéficiant du soutien des composantes de la Conférence nationale. Ce Gouvernement assumera la supervision des missions de l’administration publique et des services de sécurité et apportera sa pleine collaboration à la commission électorale nationale indépendante. Pour sa part, le Conseil constitutionnel assumera, en toute indépendance, les pouvoirs que lui confèrent la Constitution et la loi en matière d’élections présidentielles.
Septièmement : Je m’engage solennellement devant Dieu le Tout-Puissant et devant le peuple algérien à ne ménager aucun effort pour que les Institutions, structures, démembrements de l’Etat et collectivités locales se mobilisent pour concourir à la pleine réussite de ce plan de travail. Je m’engage également à veiller à ce que toutes les Institutions constitutionnelles de la République poursuivent scrupuleusement l’accomplissement de leurs missions respectives et exercent leurs pouvoirs respectifs au service exclusif du peuple algérien et de la République. Je m’engage enfin, si Dieu m’accorde vie et assistance, à remettre les charges et les prérogatives de Président de la République au successeur que le peuple algérien aura librement élu.
Chères concitoyennes,
Chers concitoyens,
Voici la voie du salut que je vous invite à emprunter ensemble pour prémunir l’Algérie contre des épreuves, des déchirements et des déperditions d’énergies.
Voici la voie d’un sursaut collectif pacifique pour permettre à l’Algérie de réaliser tout son potentiel dans une démocratie épanouie, digne des gloires de l’Histoire de notre Nation.
Voici la voie dans laquelle je vous demande de me suivre et de m’aider.
Gloire éternelle à nos vaillants martyrs.
La stagiaire-concierge je-sais-tout qui a pondu cette œuvre pourrait elle aussi nous fournir la couleur de la cravate de Saïd Bouteflika et la marque du café qui a tenu tout ce beau monde éveillé toute la nuit?
Ils font semblants de comprendre le peuple .et le peuple fait semblant d’écouter.
C’est trop tard pour l’Algérie;C’est le peuple qui va sur son dernier;pour deux raisons :
1 la force des réseaux sociaux
2 les pays non musulmans
Monsieur le Président, si vous voulez vraiment rendre un glorieux service à cette Nation, nous vous demandons de bien vouloir maintenir la date des élections présidentielles du 18 Avril 2019, et souhaiter à ce peuple qui se sent engager plus que jamais à faire de son pays un état de droit digne et souverain. Nous vous remercions pour tous les efforts que vous avez engagés, votre entourage trichera comme ils l’ont toujours fait. Laissez le prochain Président suggérer une nouvelle constitution qui pourra donner un nouveau souffle au pays, gloire éternelle à nos vaillants martyrs.