Mais quelle mouche a piqué Salaheddine Mezouar, président de la Confédération Générale des Entrepreneurs Marocains (CGEM) ? Invité à prendre la parole lors de la de la World Policy Conference qui se tient à Marrakech, il a fait une dangereuse sortie de route en appelant l’armée algérienne à partager le pouvoir et à être à l’écoute des revendications populaires « légitimes » des manifestants. Un dérapage incontrôlé qui a valu à Salaheddine Mezouar d’être la cible d’un communiqué virulent du ministère marocain des Affaires étrangères. Par le biais de ce département, le gouvernement a dénoncé les prises de positions de Mezouar sur l’Algérie en évoquant une « démarche irresponsable, maladroite et irréfléchie ». Une violence dans les termes utilisés à la mesure de la colère suscitée par le patron des patrons dans les hautes sphères de l’Etat.
D’après des sources bien informées à Rabat, le Palais royal n’a pas du tout apprécié l’incursion de Salaheddine Mezouar dans la diplomatie marocaine qui relève exclusivement du champ de compétences du roi. D’autant plus, qu’il a été pendant longtemps ministre en occupant tour à tour le ministère de l’Industrie, puis celui des Finances pour terminer sa carrière au gouvernement en tant que ministre des Affaires étrangères. C’est ce background qui a jeté dans l’embarras le pouvoir marocain qui préfère ne pas intervenir dans les affaires internes algériennes. Une position que la diplomatie chérifienne tient rigoureusement depuis le début des manifestations chez son voisin de l’Est.
D’ailleurs, ayant subi les « humiliantes » remontrances publiques du gouvernement, Salheddine Mezouar s’est empressé de jeter l’éponge en démissionnant par un courriel adressé aux membres de la CGEM. Une démission qui sonne comme une fin de parcours pour l’ancien président du RNI.