Par Jérôme Galveli
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En dépit de toutes les turbulences qui caractérisent depuis 2019 et la chute du régime Bouteflika les relations franco-algériennes, le géant français de l’énergie Total réussit toujours l’exploit de se relever et de se renforcer en Algérie. Et cette fois-ci, Total profite à chaque fois d’un rapprochement positif entre Macron et Tebboune pour repartir à la conquête d’un marché en Algérie pour verrouiller la protection d’un intérêt stratégique lié à un gisement en Algérie.
Le 18 octobre dernier, l’ambassadeur de France en Algérie, Stéphane Romatet a été reçu par le président algérien Abdelmadjid Tebboune et un long entretien s’est déroulé entre Romatet et Tebboune au Palais Présidentiel d’El-Mouradia. Quelques jours plus tard, le 23 octobre plus exactement, le PDG de Total Patrick Pouyanné débarque à Alger et se retrouve en tête à tête avec le nouveau PDG de Sonatrach, Rachid Hachichi. A la fin de cette rencontre, Sonatrach et Total ont convenu de « travailler à l’identification des opportunités de partenariat, notamment dans le domaine des activités en amont, que ce soit en Algérie ou au niveau international ».
Dès le moindre réchauffement des relations entre Tebboune et Macron, le géant Total profite de cette brèche pour protéger et promouvoir ses intérêts en Algérie. Patrick Pouyanné est, d’ailleurs, un visiteur permanent de l’Algérie. Le 9 juillet 2023, le PDG était également à Alger pour négocier avec Toufik Hakkar, l’ancien PDG de Sonatrach, plusieurs nouveaux accords pour renforcer la coopération entre les deux entreprises dans la production de gaz naturel en Algérie, dans la livraison de gaz naturel liquéfié (GNL) à l’Europe.
Là encore, a-t-on pu apprendre auprès de plusieurs sources concordantes, cette visite à Alger du PDG de Total était intervenue à la suite de nombreux échanges informels entre l’Elysée et le Palais présidentiel d’El-Mouradia. En clair, Total est devenue la principale force de frappe des intérêts français en Algérie et le seul catalyseur du lobbying français dans le pays alors que tous les autres intérêts français dans d’autres secteurs tournent au ralenti ou se retrouvent totalement gelés comme c’est le cas dans l’industrie automobile ou le secteur des transports. Là où les intérêts français reculent en Algérie, Total ne cessent de grappiller des points et de se renforcer dans les hydrocarbures devenant ainsi la seule passerelle solide entre les deux pays dont les relations sont régulièrement instables à cause des sautes d’humeur du régime algérien.
Signalons enfin que Total a obtenu récemment plusieurs nouveaux privilèges comme la prolongation pour l’année 2024 de l’accord lui permettant de profiter des livraisons par Sonatrach de 2 millions de tonnes par an de GNL au port de Fos-Cavaou, dans la région de Marseille, en France. Ces livraisons de gaz naturel liquéfié made in Algérie visent directement à renforcer la sécurité d’approvisionnement énergétique de la France dans un contexte de fortes tensions autour du gaz naturel et ce depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022. En Algérie, depuis 2019, Total est le seul groupe français qui arrive à ouvrir les portes hermétiques du régime et remporter des marchés stratégiques. Merci qui ?