Le ton est brusquement monté ces derniers jours dans la presse espagnole. La principale cible en est le Maroc, et il aura suffit d’une « boutade » non confirmée d’un ministre marocain à propos du palais de l’Alhambra à Grenade, ou encore d’un rapport non authentifié des services de renseignements -CNI- publié par le quotidien madrilène « El Pais » pour qu’une véritable cabale soit lancée dans l’opinion publique espagnole contre le voisin du sud. Cela dit, le timing est quelque peu particulier, car il coïncide en effet avec l’annonce par José Luis Zapatero de l’organisation d’élections législatives anticipées le 22 novembre prochain et la remontée dans les sondages du PSOE. Ces données combinées mettent à mal les ambitions de la droite espagnole de reprendre un pouvoir qu’elle a perdu en 2004, notamment en raison de ses atermoiements lors des attentats terroristes de Madrid. A l’époque, le PP conduit par le galicien Mariano Rajoy devait rempiler face à un José Luis Zapatero jugé encore trop tendre par les électeurs espagnols. Mais la mauvaise gestion des attentats et la précipitation avec laquelle le gouvernement avait désigné l’ETA avait contribué à faire basculer l’élection, projetant des socialistes surpris de leur bonne fortune à la tête du gouvernement. A l’époque, c’est semble-t-il les services de renseignements du pays -le CNI- qui auraient transmis l’information selon laquelle l’ETA pourrait être impliquée, poussant ainsi à la faute José Maria Aznar, alors président du conseil, qui mettra en cause publiquement l’organisation séparatiste basque. Cette « bourde » avait pénalisé le PP qui devait par la suite perdre les élections. Depuis, des sources bien informées à Madrid confirment que le CNI se sent redevable envers le Partido Popular, sans oublier qu’une écrasante majorité des agents, bien que se défendant de toute appartenance politique, sont plutôt à droite de l’échiquier politique. En cela, les espions ne dérogent pas à l’histoire de leur service, qui était réputé pour être un bastion de franquistes indécrottables. Le CNI n’hésiterait donc pas à donner quelques « coups de main » discrets en faveur de la droite, notamment en organisant des fuites dans la presse visant à importuner la gauche et à faciliter la tâche aux amis de Mariano Rajoy.
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