La succession de Brahim Ghali, secrétaire général du Front Polisario, est aujourd’hui un véritable casse-tête pour l’armée algérienne. Âgé de de 77 ans et très affaibli des suites d’une longue hospitalisation en 2021 à cause du coronavirus, l’actuel patron du Polisario sait très bien qu’il va effectuer le dernier mandant à la tête du mouvement séparatiste. Et les généraux algériens en charge de ce dossier ne le savent que très bien.
C’est justement pour préparer sa succession qu’à Alger la Direction de la Documentation et de la Sécurité Extérieure (DDSE), a « sorti un lapin de son chapeau » en la personne de Lahbib Mohamed Abdelaziz, fils du dirigeant historique du Polisario disparu le 31 mai 2016 après une quarantaine d’années de règne.
D’ailleurs, l’hebdomadaire parisien Jeune Afrique, généralement bien informée, a signalé « l’ascension fulgurante de Lahbib Mohamed Abdelaziz et sa double promotion, depuis le 16e congrès du Polisario ». D’après Jeune Afrique, ces promotions pourraient être « les prémisses d’une transition post-Ghali. Mais aussi illustrer un durcissement en cours de la direction du mouvement ».
En deux mois, le fils Mohamed Abdelaziz, à seulement 33 ans, a bénéficié de deux grandes promotions. Il est élu tout d’abord parmi les 27 membres du secrétariat national en reportant le plus grand nombre de voix. Plus tard, il rejoint le très stratégique comité de défense et de la sécurité du bureau permanent du Polisario. « Deux nominations aux airs de préparation accélérée », commente Jeune Afrique.
Maghreb-intelligence apprend que depuis la fin du 16ème congrès, une guérilla fait rage dans les rangs du Polisario entre plusieurs clans puissants, mais également entre cadres historiques et jeunes loups aux dents acérées. « On sait que les jours de Brahim Ghali sont comptés, les Algériens veulent avoir un atout en plus pour faire pression sur les différents clans. Lahbib Mohamed Abdelaziz n’est qu’une carte parmi tant d’autres aux mains de la DDSE », affirme à Maghreb-intelligence un dirigeant du Polisario, installé aujourd’hui en Espagne.
La filiation algérienne de Lahbib Mohamed Abdelaziz, ex-président de l’Union nationale des étudiants sahraouis (UESARIO), fait pencher la balance de son côté. Ayant vécu pratiquement toute sa vie en Algérie, il est le petit-fils de l’ancien maire de Tindouf qui lui aurait légué la nationalité algérienne. Un atout de taille au moment où le ressentiment contre Alger se propage de plus en plus dans les camps de Lahmada.