Depuis l’annonce de l’introduction prochaine en bourse de sa compagnie d’assurances CNIA SAADA, l’ex « patron des patrons » marocain Moulay Hafid Elalamy joue au chat et à la souris avec les journalistes en refusant les interviews et en déroutant systématiquement la presse vers la direction de la communication de son groupe.
Il faut dire que le patron de la Holding marocaine Saham (Assurances, distribution, centres d‘appels, etc.), vient de vivre un printemps surprenant en assistant à des conférences aux quatre coins de la planète, dont l’une sur le développement durable au sein de la prestigieuse université américaine Harvard. De lui, l’on ne retenait pourtant souvent que la caricature, la cinquantaine triomphante et le regard bleu acier sanglés dans un costume de dandy et une cravate souvent fantaisiste. De surcroit, l’homme trainait une réputation de « prédateur » depuis qu’il avait ravi dans un raid audacieux à Othman Benjelloun une société d’assurances –Agma Lahlou Tazi- à la fin des années 90. Battre Othman Benjelloun-« L’empire Othoman » comme le surnomment ses détracteurs-, cela vous pose un homme, et vous donne surtout quelque chose dont il est difficile de se défaire : une réputation. Sa tournée récente des conférences internationales ferait écho à une prise de conscience de la part du capitaine d’industrie des enjeux liés au développement durable. Elalamy désirerait prendre de la hauteur, « contribuer » comme il le dit lui-même, quitte à casser une image qui lui a pourtant beaucoup servi pour faire des affaires. Signe des temps et de son évolution, Moulay Hafid Elalamy se serait récemment départi de ses accessoires « Bling-Bling », procédant à la vente de sa Bentley et de sa Maserati. Les deux véhicules étaient devenus des handicaps, surtout lorsque l’on veut s’engager dans l’écologie et que l’on soumissionne pour la fourniture de panneaux solaires à l’Etat marocains en partenariat avec le géant espagnol T. Solar. Sa fibre verte, l’homme d’affaires veut également la faire rejaillir sur son groupe, en abandonnant peu à peu des métiers qu’il juge inadaptés à l’orientation de sa holding, comme la distribution (les enseignes Bigdil, Bossini et Via Seta seront rachetées par leurs salariés l’hiver prochain), et en s’engageant dans la santé, notamment dans la production de médicaments génériques à travers son partenariat avec GSK, ou encore le rachat de polycliniques vieillissantes à l’Etat marocain. Néanmoins, comme tout grand fauve, Moulay Hafid Elalamy a plusieurs fers au feu et envisage de laisser quelques options ouvertes dans le secteur industriel ou l’immobilier. Après tout, c’est ce qui a fait sa réussite…