Les rapports transmis ces derniers jours au Quai D’Orsay par les diplomates français en poste à Alger ne brillent pas particulièrement par leur optimisme. Selon ces notes diplomatiques, la classe dirigeante algérienne, aussi bien El Mouradia que l’armée, serait dépassée par le mouvement de démocratisation qui secoue le monde arabe. Certains diplomates français qui ont rencontré récemment des ministres et des généraux algériens se disent surpris par l’apathie de ces derniers face à ce qui se passe dans leur environnement immédiat. « Les officiels algériens sont complètement tétanisés par la tournure que prennent les événements. Ils savent que si jamais la contestation prend en Algérie, ce sera la fin pour tout le monde », avoue un homme d’affaires français qui a ses habitudes à Alger. L’armée, semble-t-il, est aujourd’hui consciente que si le pouvoir venait à faire la première concession, d’autres suivraient immédiatement. Les généraux ont surtout peur qu’on leur demande d’ouvrir les dossiers de la guerre civile qui a ensanglanté le pays entre 1990 et 2001. « L’armée algérienne a beaucoup de cadavres dans son placard. Elle sait que si un système démocratique s’installe dans le pays à l’image de ce qui s’est passé en Egypte et en Tunisie, plusieurs généraux seraient traduits devant la justice », révèle l’homme d’affaires français de passage récemment à Alger. Au Quai D’Orsay, on prédit une explosion en Algérie dans les mois prochains. Cela interviendra quand le processus de démocratisation en Tunisie et au Maroc sera enclenché, croient savoir les analystes français.
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