Le costume de chef du gouvernement est-il trop grand pour l’islamiste Saâd Eddine El Othmani?
Depuis son investiture, il n’arrête pas d’accumuler les gaffes et il en a encore fait lors de la conduite du processus des tractations avec ses partenaires de la majorité pour remanier le gouvernement. D’abord, il a opté pour des rencontres séparées avec chacune des cinq formations alliées (RNI, UC, MP, USFP et UC) au lieu de les réunir autour d’une même table et trancher le tout, ensemble.
Il a par conséquent perdu beaucoup de temps et en a encore perdu plus quand il était parti à la recherche de profils pointus au sein de son parti. Car ce n’est pas le point fort du PJD, tout simplement et les noms qu’il a proposés ont été rejetés par le palais comme c’est le cas pour le sulfureux Abdelali Hamieddine (poursuivi pour complicité d’homicide volontaire).
Lors des tractations en question, et pour limiter les dégâts et freiner les appétits de ses alliés, El Othmani avait proposé de confier des postes de ministres d’Etat aux secrétaires généraux des partis formant sa coalition. Une manière de pousser ces derniers à calmer leurs bases et à les mettre devant le fait accompli. Cette proposition, selon nos sources, lui a attiré la colère du Palais qui lui a signifié, à maintes reprises, qu’il devait revoir sa copie.
Mercredi 9 octobre, El Othmani sera finalement délivré avec une audience royale lors de laquelle les nouveaux ministres prêteront serment devant le roi Mohammed VI. Commencera alors une autre grande épreuve pour le chef de l’Exécutif marocain: soumettre au Palais le nouveau modèle de développement demandé par le roi. Et là, c’est une autre paire de manche pour la simple raison que, jusqu’à ce jour, rien n’a été finalisé. « Dire qu’El Othmani vit l’une des pires rentrées politiques des dernières années est un euphémisme », commente un ministre du gouvernement sortant.