Mais quelle mouche a-t-elle piquée les communicants au service du patron du RNI, Aziz Akhannouch ? Il a suffi de deux articles de nos confrères LeDesk, certes excellemment écrits et bien documentés, pour que la débandade s’empare de la cellule communication montée par le RNI, et qu’elle commence « à faire du n’importe quoi », selon la formule d’un dirigeant du parti.
C’est justement un article du Desk, daté du 11 avril, apriori politiquement anodin, qui met les équipes d’Akhannouch sous pression. L’article parle « d’une bronca de notables de régions » contre le président du RNI et évoque la disparition de celui-ci des radars. Ni les noms des éventuels « conspirationnistes » ni la prétendue absence du leader des Indépendants en plein confinement, ne justifient une quelconque riposte, estime un ancien ministre du parti.
N’empêche. Le patron du RNI se sent visé, et, sur le conseil de son entourage, décide de sortir du gué. Lui, qui est d’habitude serein et peu enclin à la provocation, commet une tribune sur la reprise économique après la crise du Covid-19. Quoi de plus normal pour un chef de parti que de participer au débat public. C’est même une très bonne initiative… Sauf que, parce qu’il y a toujours des bémols quand un homme politique agit sous pression, la tribune prend le contrepied des mesures d’austérité préconisées, le 6 avril, par son collègue au gouvernement et au parti, le ministre des Finances, Mohamed Benchaâboun. Si intellectuellement la tribune d’Aziz Akhannouch se défend, elle dénote sur le plan politique. Sensée démontrer son come-back sur la scène politico-médiatique, elle accrédite au contraire l’idée de l’existence de dissensions au sein du RNI. Du moins entre Akhannouch et Benchaâboun. Le site Consonews n’hésite pas à s’interroger, à juste-titre : Un bras de fer Akhannouch-Benchaâboun en perspective ?
Et à vrai dire, le texte du chef du RNI a du mal à passer. Le site Barlamane.com, lui reproche entre autres, de se cacher derrière l’image du roi pour « mieux faire passer son message ». La charge est très violente, mais ce qui fait réagir les communicants attitrés d’Akhannouch, c’est un autre article du Desk, qui pointe les accointances idéologiques entre le ministre de l’Agriculture et le polémiste et chroniqueur, Rachid Achachi qui sévit sur Luxe Radio. D’autant plus, et malgré les dénégations de ce dernier, sa proximité avec la « boîte à idée » du RNI, le Forum Al Mountada, semble avérée.
La riposte des « Spin Doctors » d’Akhannouch à l’article du Desk est alors tout simplement lamentable. Dans une puérile fuite en avant, ils commettent l’irréparable en s’appropriant indûment deux « bouts » d’interviews et de tribunes de deux penseurs très en vue, Edgar Morin et Rachid Benzine, pour les publier, à l’insu du plein gré de leurs auteurs, sur un site du RNI dédié à la sortie de la crise du Covid-19. On passe alors de la maladresse à l’incompétence.
Pris, tels d’irresponsables garnements, les doigts dans le pot de confiture, les pieds nickelés de la communication du Rassemblement national des indépendants se dégonflent. En guise de politesse, le directeur de communication du RNI choisi de tweeter dans la langue de Molière des excuses insipides. Etrange manière de se racheter quand le mal fait est profond. « Les communicants de notre président pensent que l’opinion publique est exclusivement façonnée sur tweeter et par la communauté des Alumni sciences-po », se lamente un député du Rassemblement qui pense que si sur le plan politique, il est toujours temps de se rattraper, « par contre sur le plan de la Com, les dégâts semblent irréparables ».