Par Ilyas Aribi
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« Pour pouvoir se parler, il faut d’abord se respecter, et respecter les règles de droit, applicables par exemple en matière de droits de la défense ». C’est avec ces mots que Jean-Pierre Chevènement a répondu aux propos du Président algérien Abdelmadjid Tebboune tenus le 2 février dernier dans les colonnes du quotidien français L’Opinion. L’ancien ministre français de l’Intérieur, et l’une des plus anciennes figures politiques de la scène politique française, a lancé un message clair et précis à Abdelmadjid Tebboune : « l’Algérie ne peut que gagner à respecter la liberté du grand écrivain qu’il est », a-t-il dans un entretien publié dans les pages du quotidien français Le Figaro.
Invoquant le général de Gaulle, qui disait à propos de Jean-Paul Sartre en 1960 : « On n’emprisonne pas Voltaire ! », Jean-Pierre Chevènement a encouragé le président algérien à s’inspirer de cette pensée. Celui qui fut ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Industrie dans les deux gouvernements dirigés par Pierre Mauroy avant de devenir ministre de l’Éducation nationale dans le gouvernement Laurent Fabius au cours des années 80, a été cité par le président Abdelmadjid Tebboune dans son fameux entretien paru dans L’Opinion comme l’une des personnalités françaises « respectées » par l’Algérie. Et à cette occasion, Jean-Pierre Chevènement a demandé au Président algérien de faire attention aux « puissants intérêts communs » unissant l’Algérie et la France, notamment le total des échanges commerciaux bilatéraux, qui représente près de 12 milliards d’euros par an. L’ancien ministre de la Défense à l’époque de Michel Rocard, de 1988 à 1991, n’a pas manqué aussi de mentionner les 3 millions d’Algériens ou de Franco-Algériens qui résident en France et qui représentent une passerelle éternelle entre les deux pays.
Il est à noter, par ailleurs, que Jean-Pierre Chevènement a défendu énergiquement Bruno Retailleau, le ministre français de l’Intérieur, qui a été violemment attaqué par le président Abdelmadjid Tebboune. « J’invite nos amis algériens à relire son récent entretien dans L’Express. Le ministre de l’Intérieur parle bien de l’objectif d’une normalisation, d’une relation d’égal à égal. Il ne cherche par conséquent pas la surenchère mais le dialogue », a souligné à ce propos Jean-Pierre Chevènement qui a conclu ses propos en rappelant que « la relation franco-algérienne est précieuse à terme pour l’Europe comme pour l’Afrique ». Et pour appuyer cette vérité, il a cité à la fin de son interview une célèbre déclaration de l’évêque d’Oran lors d’une visite de Bernard Cazeneuve en Algérie au printemps 2017 : « La France et l’Algérie n’hésitent pas à se blesser mutuellement. L’originalité de ces blessures est qu’elles sont de celles que ne peuvent s’infliger que de véritables amis.