Par Maghreb Intelligence
A
A
L’Organisation internationale de police criminelle (OIPC), communément abrégée Interpol, est sous le feu de très nombreuses critiques en raison de ses rapports jugés « complaisants » à l’égard du Régime Algérien. De nombreux cabinets d’avocats internationaux ont saisi officiellement le secrétariat général d’INTERPOL pour dénoncer des dérives inédites dans le fonctionnement des fameuses notices rouges qui permettent d’appeler à l’arrestation de dangereux criminels faisant l’objet de mandats d’arrêts internationaux lancés par les pays membres d’INTERPOL. Cette organisation est censée permettre aux polices de 196 pays membres de travailler ensemble pour lutter contre la criminalité internationale.
Cependant, dans le cas de l’Algérie, de nombreux acteurs économiques, des opposants politiques ou de simples personnalités publiques n’ayant jamais entretenu la moindre activité criminelle ont été ciblées arbitrairement depuis 2023 par la publication de notices rouges à leur encontre au niveau d’INTERPOL. Certaines de ces personnalités algériennes n’ont même pas été jugées convenablement dans un tribunal algérien. D’autres ont seulement refusé de se rendre en Algérie pour des auditions et la majorité de ces Algériens faisant l’objet de Notices Rouges d’Interpol ont une particularité qui saute aux yeux et soulève des interrogations sur la neutralité de l’OIPC : ils ont tous des relations personnelles toxiques ou compliquées avec le nouveau Pouvoir politique algérien qui a émergé au lendemain de l’arrivée d’Abdelmadjid Tebboune à la Présidence de la République.
Selon nos sources, depuis 2020, l’Algérie distribue les mandats d’arrêts internationaux comme des petits pains au chocolat. Le nombre de ces mandats d’arrêts délivrés par les autorités judiciaires algériennes a dépassé la barre de 200 et ces mandats ciblent majoritairement des personnalités liées à l’ancien Régime déchu de Bouteflika. Jusqu’à 2023, INTERPOL imposait un processus de contrôle rigoureux de ces mandats d’arrêts internationaux qui lui parviennent depuis l’Algérie. Et pour cause, les statuts d’Interpol prévoient notamment que : “Toute activité ou intervention dans des questions ou affaires présentant un caractère politique, militaire, religieux ou racial est rigoureusement interdite à l’Organisation”. Les considérations politiques ne doivent nullement être utilisées pour impliquer INTERPOL dans une demande d’arrestation d’un ressortissant établi à l’étranger. Mais face aux multiples refus d’INTERPOL, cette organisation basée à Lyon a commencé à subir un « chantage caractérisé » exercé à son encontre par les autorités algériennes qui ont menacé tout bonnement de suspendre leur coopération avec ses services et de ne plus procéder aux échanges d’informations, voire même de renoncer à l’arrestation d’individus étrangers en fuite sur le territoire algérien alors qu’ils sont recherchés par leurs pays respectifs pour des dangereuses activités criminelles.
Face à ces pressions inédites, INTERPOL fait des concessions et adopte de la souplesse dans le traitement des sollicitations algériennes. Le résultat de cette attitude est catastrophique : un nombre important d’hommes d’affaires, activistes politiques ou d’anciens dirigeants politiques algériens faisant l’objet d’une vengeance brutale de la part du pouvoir algérien ont été frappés de notices rouges. Des avocats internationaux sont mobilisés pour saisir la Commission de Contrôle des Fichiers d’Interpol (CCF). Car depuis 2017, le justiciable visé par un mandat d’arrêt international peut saisir la CCF, qui s’apparente à une juridiction, d’une demande tendant à accéder à la notice rouge ou à sa suppression.
Il est à rappeler qu’Interpol n’émet pas de mandats d’arrêt et ne peut déclencher ni enquêtes ni poursuites, mais les pays membres et les tribunaux internationaux peuvent demander la publication de « notices rouges ». Ces avis de recherche internationaux s’appuient sur des mandats d’arrêt nationaux, dont les informations sont transmises aux autres membres via une base de données sécurisée. La CCF est inondée de recours et de procédures judiciaires lancées pour obtenir le retrait des diffusions INTERPOL publiées par l’Algérie sur la base d’un mandat d’arrêt obéissant clairement à des motivations politiques. Une situation très désagréable qui nuit gravement à la crédibilité d’INTERPOL.