veut se lancer dans le tourisme de croisière. A la tête de la puissante Compagnie nationale libyenne de transport maritime (GNMTC), Hannibal aurait exprimé son intention de commander aux célèbres chantiers navals français de Saint-Nazaire, un paquebot pouvant transporter 4.000 personnes.
Habitués aux revirements impromptus de Kadhafi, certains milieux ne voient dans cette annonce qu’une rumeur qui cacherait un énième tour de passe-passe du déroutant colonel libyen. L’humiliant épisode vécu dernièrement par la Suisse est là pour le rappeler.
Berne a, en effet, été obligé de s’excuser publiquement et officiellement à Hannibal Khadafi. Ce dernier a même hérité, en sus, d’une jolie indemnité de 1,5 million d’euros pour la publication de ses photos dans la presse suisse. Et encore, l’impassible ministre suisse des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey, a dû se faire accompagner à Tripoli par le chef de la diplomatie espagnole, flanqué de l’inévitable Silvio Berlusconi, pour solliciter le pardon libyen.
Avant la Suisse, c’était la Grande Bretagne qui avait fait les frais des frasques libyennes, en se voyant obligée de libérer le libyen Ali Al Migrahi, condamné pour son implication dans l’attentat de Lockerbie. La France aussi avait dû supporter les humeurs libyennes pour l’écoulement de ses invendables avions de combat Rafale.
Aussi, responsables et ouvriers des Chantiers navals français de Saint-Nazaire ont-ils accueilli avec beaucoup de prudence la possible commande d’un paquebot par les libyens. Surtout de cette dimension : plus de 1700 cabines passagers et quelque 700 autres pour l’équipage.
Cette circonspection n’empêche toutefois pas de croire un peu au projet. Si la commande venait à être concrétisée, ce serait une véritable bouffée d’oxygène pour les fameux chantiers de l’Atlantique, confrontés depuis des mois à un chômage technique inquiétant.
Car, la compagnie GNMTC, dirigée par Hannibal, n’est pas à prendre à la légère. Elle dispose déjà d’une flotte de 24 pétroliers, alors qu’elle n’en avait que trois en 2005. Mais de là à passer au tourisme de grande croisière, il y a un palier que d’aucuns hésiteraient à franchir.