Cheikh Hamad Bin Jassim Al-Thani, premier ministre et indéboulonnable ministre des affaires étrangères du Qatar, n’est pas seulement un homme à l’agenda politique chargé. Il est aussi un homme d’affaires avisé, et passe même pour être à la tête d’une immense fortune, l’une des plus importantes du golfe.
Jouant remarquablement à l’équilibriste, il veille constamment à placer le Qatar à mi-chemin des intérêts occidentaux bien compris, et ceux de son redoutable voisin iranien à l’Est. Il ne rate d’ailleurs pas une occasion pour rappeler que le Qatar est hostile à des sanctions contre l’Iran, talonné par les pays occidentaux pour son programme nucléaire.
Les précautions observées à l’égard de l’Iran ne sont peut être pas feintes. A la tête de la diplomatie qatarie depuis 1992, il a imprimé à ce riche émirat gazier une politique étrangère volontairement pro-islamiste. Le soutien des mouvements intégristes au Soudan, au Yémen et ailleurs dans le monde arabe, est devenu même une spécialité de ce minuscule Etat croulant sous les pétrodollars.
La chaîne Al Jazeera, dont il est le mentor, joue d’ailleurs pleinement son rôle de bras médiatique de cette politique agressive en direction de nombreux pays arabes. En premier lieu, l’Egypte et l’Arabie Saoudite, dont l’Emirat veille à battre en brèche l’hégémonie dans la région.
Depuis sa nomination aux affaires étrangères par le père de l’actuel émir du Qatar il y a près de 20 ans, Cheikh Hamad Bin Jassim a su diversifier ses relations à l’international et attendre patiemment son heure. Jusqu’à sa désignation comme premier ministre en 2007, en sus de son poste aux affaires étrangères qu’il garde encore.
Son long parcours politique et dans le monde des affaires n’a toutefois pas été un long fleuve tranquille. On lui a prêté un rôle essentiel dans le putsch dirigé par l’actuel Emir contre son propre père. Il serait, de surcroît, très sensible aux intérêts américains qui ont obtenu l’installation à Doha, du Centre de Commandement US dans la guerre menée par les Etats-Unis contre l’Irak et l’Afghanistan.
Mais le coup le plus dur porté contre lui est, peut-être, celui qui lui a été décoché en 2003. L’hebdomadaire Newsweek avait alors annoncé l’ouverture d’une enquête judiciaire contre le ministre qatari des affaires étrangères, impliqué dans une affaire de courtage d’assurances et de blanchiment de 150 millions de dollars sur un compte dans les Iles Jersey.