Mais à quoi sert exactement l’Agence nationale de la sécurité routière (NARSA), organisme étatique qui a la lourde charge de trouver des solutions à des accidents qui font des milliers de morts sur les routes du Maroc avec un lourd coup économique et social?
La réponse est à trouver dans le récent et dernier rapport annuel (2021) de la Cour des comptes.
Héritière du Comité national de la prévention des accidents de la circulation (CNPAC), cette agence ne sert effectivement à rien ou presque si ce n’est pour engloutir des centaines de millions de dirhams annuellement. Des exemples des dérives de la NARSA, les magistrats de la Cour des comptes en ont fourni plutôt tout un tas.
Ainsi, depuis 2018, cet organisme a acquis quelque 552 radars de contrôle de la vitesse pour la ronde somme de 276 millions de dirhams. Pourquoi faire?
Fin 2022, seulement 66 ont été installés, soit 12%. Le reste attend des jours meilleurs avant d’avoir été réduit à des tas de ferraille qui nécessiteront le lancement de nouveaux marchés. Et même les radars installés ne résolvent pas le problème et sont loin d’instaurer cette dissuasion nécessaire pour freiner les chauffards.
En effet, et juste pour donner un exemple de cette mauvaise gestion, 64% des infractions constatées par les radars entre 2015 et 2021 sont annulées à cause de la médiocre qualité des images, sachant que les véhicules fautifs appartiennent à l’Etat.
La NARSA trouve aussi d’énormes difficultés à entrer en contact avec les chauffeurs fautifs en général. Ce qui fait perdre d’énormes rentrées d’argent au Trésor.
Sur le volet de la coordination, la NARSA devait tenir 14 réunions avec le ministère de tutelle (Transport et équipement) entre 2015 et 2021. Elle n’en a tenu que quatre en fin de compte.
Et le meilleur est pour la fin. Cet organisme étatique n’a jamais produit la moindre étude sérieuse sur les causes des accidents. Manière d’en savoir plus par exemple, comme cela se fait ailleurs, sur les effets de la drogue, de l’alcool ou de la fatigue sur les conducteurs.
Dans ce sens, la NARSA se contente de ressasser les conclusions contenues dans les PV dressés par la police et la gendarmerie royale.
En matière de stratégies, la NARSA tâtonne en l’absence d’un contrat-programme avec les pouvoirs publics. D’une stratégie 2017-2026, elle est passée à une autre pour 2021-2030 sans expliquer ni pourquoi, ni comment.
Et la promesse de ramener le nombre des morts sur les routes de 3.000 en 2020 à moins de 1.900 en 2026 reste un vœu pieux.
Selon des sources qui connaissent bien les rouages de la NARSA, la seule et unique solution de réhabiliter cet organisme public passe par le limogeage de son patron, Benacer Boulaâjoul. L’homme, qui bénéficie d’on ne sait quelle protection, ni à quel niveau, roule sa bosse au sein de cette institution depuis 2005 avant d’en devenir le patron en 2012. Il y fait la pluie et le beau temps avec une petite clique de fidèles et complices à l’abri de toute reddition des comptes.