La course entre Rabat et Alger pour faire avancer leurs projets de gazoducs reliant le Nigéria à l’Europe via l’Afrique du Nord fait rage depuis des années. Les deux principaux pays du Maghreb déploient, sans cesse, des trésors d’énergie diplomatique afin de convaincre Abuja de l’intérêt stratégique de livrer du gaz à l’Europe.
Fin juillet dernier, l’Algérie, le Nigeria et le Niger signent un mémorandum d’entente et de concrétisation du projet de gazoduc transsaharien (TSGP). Un projet, porté par le géant russe Gazprom et qui date du début du deuxième millénaire. Dans la foulée, la directrice générale de l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM), Amina Benkhadra, monte au filet, évoquant des contacts avec des partenaires européens pour le financement d’une partie du gazoduc Maroc-Nigeria.
Mais pour le magazine parisien bien informé Jeune Afrique, cette course à l’échalote entre Rabat et Alger pour faire aboutir leurs propres projets de gazoducs est « un mirage ». Tant, les deux gazoducs sur les plans paraissent irréalisables, notamment en l’absence de sérieuses promesses de financements. Le gazoduc Nigéria-Maroc est particulièrement complexe à réaliser. Jeune Afrique explique qu’il doit traverser 14 pays aux régimes juridiques et politiques très différents et engendrerait un coût qui avoisine les 25 milliards de dollars.
Le gazoduc transsaharien quant à lui, même s’il semble techniquement plus réaliste pâtit de potentiels risques sécuritaires. Les pays qu’il devrait traverser sont le théâtre d’opération des plusieurs groupes terroristes, de nombreux mouvements indépendantistes et de grand banditisme.
Un autre hic pour les deux mégaprojets et non des moindre. La Russie, le plus grand exportateur mondial de gaz et les Etats-Unis d’Amérique, principal fournisseur mondial de GNL, semblent snober les deux gazoducs et cela pour de nombreuses raisons. Or, la présence des deux puissances mondiales dans les tours de tables des deux projets est indispensable pour leur réalisation.