Rien ne va plus entre les généraux à la retraite Khalid Nezzar et Mohamed Toufik d’un côté et le palais El Mouradia et l’état-major de l’armée algérienne de l’autre. Malgré les amabilités protocolaires d’usage, les frictions se multiplient entre les deux clans, qui jusqu’ il y a quelques semaines encore étaient de très bon alliés.
Selon des sources proches de la présidence, Abdelmadjid Tebboune a pu « momentanément » se débarrasser de sa bête noire Ramatane Lamamra, malgré le soutien qu’apportent à ce dernier les généraux Nezzar-Taoufik. Le ministre des Affaires étrangères est soupçonné par les hommes du président de n’en faire qu’à sa tête, notamment sur les dossiers libyen et du Sahel.
Stratégie de « containment »
Un autre exemple de la mise en veilleuse de Lamamra est la nouvelle stratégie du « containment » du Maroc élaborée par El Mouradia sans consulter les Affaires étrangères. Le président Tebboune a mis en place avec l’aval des militaires une diplomatie offensive au Maghreb visant à isoler son voisin de l’Ouest.
La visite du chef d’Etat algérien à Tunis et du président mauritanien à Alger avait pour objectif non seulement d’isoler Rabat, mais de la mettre également sous pression. Résultat de la manœuvre : ni Kaïs Saïed ni Mohamed Ould Ghazouani n’ont succombés aux sirènes algériennes sur le dossier du Sahara et de la normalisation du Maroc avec Israël. Les deux pays du Maghreb ont refusé toute mention à ces deux dossiers, dans les déclarations conjointes. Les seuls gains qu’a engrangée la nouvelle diplomatie de Tebboune se résument à une ribambelle de conventions solennellement signées, mais sans effets sur le terrain.
D’après les sources de Maghreb-Intelligence à Alger, Ramatane Lamamra avait mis en garde contre l’escalade avec le royaume à la veille d’un sommet arabe que les autorités algérienne tiennent à organiser coûte que coûte. La déclaration finale du sommet du Conseil de Coopération du Golfe a apporté un appui franc au Maroc. Une douche glacée pour Alger. Le message était donc clair : un sommet arabe sans le Maroc se tiendra au meilleur des cas avec une représentation a minima des monarchies du Golfe.
Nouvel échec et fuite en avant
Piégé par l’échec de leur nouvelle stratégie, le duo Tebboune-Changriha a choisi la fuite en avant en tirant à boulets rouges à la fois sur des cibles internes et sur le Maroc.
Pour la première besogne, c’est le Conseil de la nation qui a sorti l’artillerie lourde afin de bombarder des « parties », qu’il n’a pas désignées, les accusant de « tenir des discours tendancieux et dévalorisants » visant à perturber la démarche d‘Abdelmadjid Tebboune. La première chambre a également dénoncé les « complots » ourdis par « ceux qui font de la politique en dehors des cadres légaux et en coulisses » contre le président de la république.
La charge vise à demi-mot les généraux Nezzar-Taoufik et leurs amis dans les rouages des services et de l’armée. Les deux hauts gradés, aujourd’hui à la retraite, mais qui gardent beaucoup de relais dans les points névralgiques de l’appareil de l’Etat passent par une véritable zone de turbulence qui risque de les emporter définitivement.
Pour la seconde besogne, c’est la revue Al-Djaïch porte-parole du général Saïd Changriha qui s’y est attelée en appelant le peuple, les politiques et les Algériens à se fédérer autour de l’APN afin de faire face au Maroc. Alors que rien de nouveau n’est intervenu dans les relations maroco-algérienne, l’éditorialiste d’Al-Djaïch s’est livré à un véritable réquisitoire d’une violence inouïe contre le royaume du Maroc et de ses 3 derniers rois. Une charge outrancière qui en dit long sur l’acuité des problèmes entre les différents clans qui se partagent le pouvoir à Alger.