La colère gronde à la piscine -surnom familier de la DGSE- depuis l’échec retentissant de l’opération menée en Somalie pour libérer l’agent Denis Allex, un pseudonyme, et qui s’est soldée par la mort de deux soldats des forces spéciales. L’intervention décidée par l’Elysée en décembre dernier a été retardée en raison d’un manque flagrant d’informations en provenance du terrain. Plusieurs cadres de la DGSE tirent la sonnette d’alarme sur les carences au niveau du renseignement humain. « Nous n’avons pas de ressources suffisantes sur le terrain. Sous la présidence de Nicolas Sarkozy, des coupes budgétaires nous avait sérieusement affectées et on nous demandait de nous baser principalement sur le renseignement d’origine image -système Helios- », s’alarme un ancien agent de la DGSE, aujourd’hui reconverti dans le conseil stratégique. Lorsque la décision a été prise d’envoyer un commando héliporté en Somalie, plusieurs anciens savaient qu’on envoyait « les gars au casse-pipe ». « Comment peut-on débarquer des éléments à des kilomètres de la cible et leur demander de progresser à découvert sur plusieurs kilomètres en territoire complètement hostile ? », s’indigne notre source. Aujourd’hui, le renseignement extérieur français, jadis réputé pour son efficacité, souffre énormément. « Nous avons subi beaucoup d’échecs ces trois dernières années au Sahel et en Mauritanie. Le moral n’y est plus », continue notre source. Un autre cas est révélateur. Les frappes opérées par l’armée de l’air française au Mali seraient imprécises et auraient fait beaucoup de victimes civiles.
La preuve, trois jours après le déclenchement des frappes, des djihadistes venant de la frontière mauritanienne ont été signalés à 400 kilomètres de Bamako. « La France sera obligée d’envoyer des forces sur le terrain. Les bombardements aériens sont coûteux et ne peuvent pas venir au bout des milices djihadistes extrêmement mobiles », commente un officier algérien. Le sentiment que la France se soit embarquée dans une drôle de guerre est largement partagé à Alger et à Nouakchott.