Le football au royaume chérifien est une cause nationale. Plus encore, c’est une affaire éminemment politique. Depuis toujours, le pouvoir au Maroc a fait de ce sport populaire une chasse gardée et un moyen de mobilisation. Dès sa naissance en 1956,[onlypaid]
la Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF) a été confiée à des hommes proches du sérail. Les militaires l’ont gérée pendant plus de 25 ans, jusqu’à ce que le généralissime Hosni Benslimane, patron de la gendarmerie, ne remette le tablier en 2009 sur « hautes instructions ». Ce sont ces mêmes « directives suprêmes » qui avaient, à l’époque, bombardé Ali Fassi-Fihri à la tête de la FRMF. L’homme qui dirige l’ONEE était présenté comme celui qui allait faire rentrer le football marocain dans l’ère du foot-business. Des promesses que Fassi-Fihri a eu beaucoup de mal à tenir. L’homme a d’ailleurs multiplié les faux-pas et les erreurs d’appréciation tout le long de son mandat. D’après un ancien membre fédéral, il s’était surtout entouré de personnes qui ne comprennent rien aux choses du football national ou qui ont montré beaucoup d’amateurisme. « Personne ne remet en cause les qualités de gestionnaire d’Ali Fassi-Fihri, mais ce sont plutôt les qualités de visionnaire dont il n’a pas su faire preuve », analyse, sans concession, le président d’un grand club.
D’un autre côté, l’épisode du salaire scandaleusement élevé de l’ancien entraîneur de l’équipe nationale, le belge Eric Gerets, tenu secret contre toute logique et estimé par la presse à 320 mille euros par mois avait fortement décrédibilisé l’action de Fassi-Fihri. D’autant plus, que tout au long des quatre années de son mandat, les équipes nationales ont volé de déconvenue en déconvenue.
Cependant, et malgré un bilan très décevant -le nombre de licenciés de football a baissé de 65 mille en 2009 à 51 mille en 2012 et le nombre de spectateurs a été de 1500 par match-, Ali Fassi-Fihri comptait rempiler pour un nouveau mandant. « Cela aurait créé un scandale sans précédent. Le rapport financier était indéfendable et l’équipe fédérale très décriée », résume un journaliste proche de Fassi-Fihri. A la veille de l’Assemblée générale, alors que tout était mis en ordre pour qu’il soit reconduit, un coup fil d’en haut l’en dissuade. Tout juste après, commence une opération de sauvetage. Il fallait donc coûte que coûte extraire Ali Fassi-Fihri du bourbier où il s’était mis. L’image de ce grand commis de l’Etat a sérieusement souffert de son action à la tête de la fédération et polluait sérieusement les autres responsabilités dont il a la charge. Il fallait aussi lui trouver un remplaçant qui puisse continuer à faire du Fassi-Fihri, mais sans Fassi-Fihri. Un homme fut rapidement désigné. Il s’agit de Faouzi Lkjaâ qui, tout en étant un très bon technocrate -directeur du budget au ministère des Finances- se prévaut d’une expérience sur le terrain en tant que dirigeant de l’équipe de la Renaissance de Berkane. Un choix qui n’a pas fait l’unanimité, même s’il avait fait l’objet de consensus entre le ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Ouzzine et le président sortant de la FRMF. Plusieurs dirigeants se sentant mis à l’écart ont constitué une liste rivale autour du président du WAC de Casablanca, Abdelilah Akram. Ce dernier a pu renverser la tendance et obliger en fin de compte le duo Ouzzine/Fassi-Fihri à l’intégrer au sein de la nouvelle équipe. D’après des sources bien informées, un deal a été passé entre l’ancien président et les membres de la liste d’Abdelilah Akram pour donner le quitus de sortie à Ali Fassi-Fihri en contrepartie de plusieurs postes au sein de la nouvelle fédération. Un bricolage que la FIFA risque de remettre en question dès les prochains jours.[/onlypaid]
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