Par Ilyas Aribi
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L’Algérie s’est bel et bien imposée comme un intermédiaire privilégié entre les militaires putschistes au Niger et les Etats-Unis. La Diplomatie algérienne a fait l’annonce de l’acceptation de son offre de médiation par les putschistes à Niamey au lendemain d’une rencontre officielle qui a réuni l’ambassadrice des Etats-Unis à Alger, Elisabeth Aubin Moore, avec Lounès Magramane, le secrétaire général du ministère algérien des Affaires Étrangères.
Ce dernier est le principal interlocuteur des militaires putschistes de Niamey. Le 24 août dernier, le SG de la diplomatie algérienne s’était déplacé au Niger pour entamer un premier cycle de discussions et de pourparlers autour des propositions algériennes pour une période de transition pacifique évitant ainsi une option d’intervention militaire régionale pour restaurer l’ordre constitutionnel à Niamey.
Mais la concertation algéro-américaine autour de la crise au Niger ne s’arrête pas uniquement au volet diplomatique. Les services secrets algériens jouent également un rôle majeur et la principale agence de renseignement américain, la CIA, collabore avec activement avec le renseignement extérieur algérien pour établir une feuille de route commune dans le dossier du nigérien. Cette feuille de route, selon nos sources, est principalement axée sur les efforts des services de renseignement algériens d’organiser secrètement une rencontre à Alger entre des responsables de la CIA et des militaires hauts gradés de la nouvelle junte nigérienne. Selon nos sources, Alger voudrait accueillir cette rencontre confidentielle au cours de ce mois d’octobre afin de permettre aux américains d’avoir des discussions directes avec les militaires nigériens.
Pour l’heure, le lobbying algérien à Niamey auprès de la junte au pouvoir commence à porter ses fruits et les américains semblent beaucoup miser sur Alger pour « ramener à la raison » les putschistes afin de ne pas déclencher une nouvelle guerre au Sahel qui sera fatale à la fois pour l’Algérie et l’Occident qui craint un déploiement russe massif en marge de nouvelles violences dans cette région sensible de l’Afrique subsaharienne.
Justement, certifient nos sources, les efforts algériens visent à persuader les américains que la région ne va pas basculer dans le giron russe et que l’Algérie fournira les garanties nécessaires pour maintenir un équilibre juste dans les rapports de force entre l’Occident et la Russie de Poutine dans le Sahel. En clair, Alger se propose d’encadrer la junte de Niamey et de la convaincre de ne pas céder tout le Niger aux forces russes au risque de provoquer l’ire et l’hostilité définitive d’un Occident qui se sent très menacé par l’expansion chinoise et russe sur le continent africain. Et c’est la prochaine réunion d’Alger qui devra permettre aux responsables de la CIA de trancher une fois pour toute sur l’approche qu’il faudra adopter avec les putschistes de Niamey.