Par Jérôme Galveli
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Une crise de confiance a éclaté entre Alger et Niamey où les militaires putschistes au pouvoir depuis fin juillet dernier ont clairement affiché leur méfiance à l’égard des efforts de médiation initiés par l’Algérie depuis le mois d’août dernier. A l’origine de ces tensions, nous retrouvons un élément explosif dont la diffusion dans les réseaux militaires au pouvoir au Niger a suscité des sueurs froides et une grande colère à l’encontre d’Alger.
Selon nos sources, cet « élément explosif » concerne le contenu d’un enregistrement d’un appel téléphonique qui a eu lieu secrètement la semaine dernière entre le Président français Emmanuel Macron et le président algérien Abdelmadjid Tebboune. Les deux dirigeants se sont parlés secrètement lors d’une conversation téléphonique qui a eu lieu la semaine dernière. Les discussions ont porté essentiellement sur la crise nigérienne et l’approche proposée par l’Algérie pour désamorcer cette crise et gérer une période de transition avec la junte au pouvoir à Niamey.
Au cours de cette conversation téléphonique, le Président algérien aurait tenu des propos très critiques et négatifs à l’encontre des militaires ayant spolié le pouvoir à Niamey. Quelques jours plus tard, les services secrets algériens apprennent, à leur grande surprise, de la part de leurs sources et relais à Niamey que les échanges téléphoniques entre Tebboune et Macron ont fuité et les propos tenus par Tebboune à l’encontre de la junte nigérienne ont été enregistrés et transmis à certains dignitaires nigériens.
Cette situation inédite a créé de fortes tensions au sein des canaux de dialogue direct établis par les services secrets algériens avec la junte nigérienne dont les responsables reprochent aujourd’hui à Alger d’adopter une posture de « double-jeu » et de pleine hypocrisie à l’égard du Niger puisque le président algérien semble partager dans les coulisses la vision très hostile aux nouveaux maîtres de Niamey alors que dans les négociations menées discrètement par les autorités algériennes avec les interlocuteurs nigériens, il est fait part de beaucoup de bienveillance et d’une volonté de soutenir la reconstruire d’un nouveau Niger débarrassé de l’emprise française.
D’après nos sources, les services secrets algériens soupçonnent « un coup de poignard » de la part des services secrets français qui auraient obtenu l’enregistrement de la communication téléphonique entre Tebboune et Macron pour faire fuiter certains de ses extraits les plus virulents à l’égard des putschistes de Niamey. Les services secrets algériens soupçonnent fortement leurs homologues français de tenter de torpiller leurs efforts de négociation avec les militaires nigériens en vue d’un apaisement de la situation politique du pay et de l’identification d’une issue pacifique à la crise qui paralyse le pays et éviter ainsi le risque fatal d’une intervention militaire étrangère contre les militaires au pouvoir au Niger.
Cet épisode, attestent nos sources, fait l’objet d’une enquête approfondie au sein des services de renseignement algérien et l’institution militaire algérienne a officiellement demandé à Abdelmadjid Tebboune de limiter grandement ses communications directes avec Emmanuel Macron en attendant de saisir les véritables tenants et aboutissants des fuites d’informations confidentielles partagées entre Alger et Paris au sujet du processus de médiation lancée par l’Algérie au Niger.