Le général Mohamed Habib Dhif, l’un des hauts gradés les plus influents de l’Armée tunisienne, promu à la fin du mois de juin dernier au grade de général de corps d’armée, est particulièrement surveillé et épié par Alger. Le régime algérien soupçonne cet officier supérieur de l’Armée Tunisienne de préparer dans les coulisses des manœuvres très discrètes qui pourraient dessiner dans un avenir proche un nouvel ordre politique en Tunisie avec la complicité de l’Egypte de Sissi.
Directeur général de l’Agence nationale de renseignement, de sécurité et de défense, le général Mohamed Habib Dhif a tissé ces derniers mois des liens très solides avec les services égyptiens et le Caire. Cette proximité inquiète fortement Alger qui craint un embrigadement massif des militaires tunisiens par l’Egypte pour les inciter par la suite à renverser le président tunisien Kaïs Saïed pour ensuite instaurer un régime semi-militaire d’inspiration égyptienne.
Selon les plus récentes analyses formulées par les services secrets algériens, le général Mohamed Habib Dhif pourrait être la future tête pensante de ce dispositif politique qui va changer radicalement le visage de la Tunisie. Plongée dans l’anarchie et en faillite économique, la situation politique est de plus en plus fragile. Une fragilité qui menace directement la pérennité du mandat présidentiel de Kais Saied qui s’avère incapable de garantir la stabilité du pays.
A Alger, le soldat Kais Saied n’est plus considéré comme une « carte » sur laquelle il faut miser pour protéger les intérêts de l’Algérie en Tunisie. Avec le projet très controversé de la nouvelle constitution proposée par l’actuel président tunisien, les diverses chapelles du régime algérien estiment que la Tunisie connaîtra inévitablement des bouleversements majeurs d’ici la fin de l’année 2022 à cause des nouveaux clivages politiques qui vont s’aggraver dans le pays. Ce qui ne manquera pas de profiter à l’institution militaire tunisienne qui sera appelée à jouer le rôle de l’arbitre. Une institution militaire de plus en plus proche du Caire à travers de nombreux accords de coopération et des partenariats solidifiés. Une proximité qui ne plait pas du tout au « grand frère algérien ».