Exclusif : Pourquoi le président Tebboune a refusé d’accorder l’asile à un haut responsable du Hamas finalement tué par Israël

Le soutien explicite et fort du président algérien Abdelmadjid Tebboune à la cause palestinienne est l’un des éléments de langage les plus récurrents et redondants du discours officiel du régime algérien. Cependant, il apparaît que ce soutien, sacré pour la Palestine et sa lutte pour l’indépendance, n’est en réalité qu’un discours politicien utilisé pour flatter l’orgueil national de la population algérienne, qui entretient un mythe fondateur autour de la sacralité de la question palestinienne. En coulisses, les pratiques d’Abdelmadjid Tebboune sont totalement contraires aux principes énoncés dans ce discours officiel.

La preuve en est qu’au début de l’année 2024, le président algérien a officiellement refusé d’accorder l’asile sur le territoire algérien à un haut responsable de la branche armée du Hamas palestinien. Ce dirigeant a fini par être éliminé par Israël en mars 2024, faute de pouvoir trouver refuge dans un autre pays garantissant sa sécurité. Selon nos sources, il s’agit de Marwan Issa, numéro deux des Brigades al-Qassam, la branche militaire du Hamas, tué début mars 2024 lors d’une opération israélienne dans la bande de Gaza.

Marwan Issa, également considéré comme le numéro trois du groupe islamiste palestinien, a été mentionné dans des négociations menées fin 2023 avec le régime algérien, dans le cadre desquelles un potentiel « asile » pour certains dirigeants du Hamas sur le sol algérien a été envisagé. Ces négociations ont été menées en décembre 2023 par Jibril Rajoub, secrétaire du comité central du mouvement Fatah et président du Comité national olympique palestinien. Rajoub, accueilli avec tous les honneurs par les dirigeants algériens, notamment le président Tebboune lors d’une audience au Palais présidentiel d’El-Mouradia, a tenté de convaincre les autorités algériennes d’accueillir des hauts responsables du Hamas, dans le cadre des efforts de l’Autorité palestinienne pour négocier un cessez-le-feu avec Israël, dont les forces continuaient de ravager Gaza.

D’après nos sources, Saïd Chengriha, chef de l’institution militaire algérienne, avait donné son accord de principe pour offrir l’asile à Marwan Issa. Les services secrets algériens avaient également approuvé cette décision et étaient prêts à organiser son accueil et sa protection. Cependant, c’est Abdelmadjid Tebboune qui a opposé son veto, bloquant ainsi cette opération hautement sensible, qui aurait pu sauver la vie de ce dirigeant du Hamas, ou, selon la terminologie du pouvoir algérien, d’un haut responsable de la résistance palestinienne. Malgré l’insistance de Chengriha, Tebboune a maintenu son refus, refusant catégoriquement de contrarier les États-Unis ou de prendre le risque de compromettre les relations qu’il tissait avec Washington, dans l’espoir d’obtenir un soutien discret de la Première Puissance Mondiale, alliée principale d’Israël, en vue de renforcer ses relations avec l’Algérie et de soutenir ses ambitions pour un second mandat présidentiel.

Jibril Rajoub est reparti bredouille d’Alger et fortement déçu. Il avait tenté de sauver la vie à Marwan Issa en lui trouvant un refuge dans un pays arabe sûr et ami. Mais Tebboune n’était pas de cet avis. Quelques mois plus tard, voire quelques semaines plus tard, le dirigeant du Hamas est violemment éliminé par Israël dans le sillage d’une opération militaire qui aurait bénéficié hautement du soutien logistique et militaire du renseignement américain.

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